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Éditorial

Ne tirez pas sur les syndicats français !

Éditorial | publié le : 01.11.2009 | Jean-Paul Coulange

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Ne tirez pas sur les syndicats français !

Crédit photo Jean-Paul Coulange

Il est de bon ton de se gausser de la faiblesse des organisations syndicales françaises, de leurs divisions, de leur trop forte concentration dans le secteur public, de leur quasi-inexistence dans les PME… À ce titre, l’échec de la journée d’action du 7 octobre, qui n’a rassemblé que quelques milliers de manifestants à Paris et guère davantage dans le reste de la France, a donné du grain à moudre aux procureurs de la cause syndicale. Mais qu’en déduire d’autre, sinon qu’à l’évidence la défense du travail décent n’a pas constitué un thème suffisamment mobilisateur auprès de salariés qui se divisent, à l’heure actuelle, en deux catégories : ceux qui ont un travail et ceux qui n’en ont pas.

À bien y regarder, le syndicalisme hexagonal n’est pas en aussi mauvaise posture qu’on veut bien le prétendre. Certes, des efforts de rénovation sont souhaitables, notamment à la CGT (voir pages 26 à 29). Mais, outre le fait qu’une majorité de Français confirme, sondage après sondage, que les syndicats ont un rôle important à jouer en période de crise, plusieurs éléments tangibles plaident en faveur d’un renouveau de la démocratie sociale. Tout d’abord, la loi du 20 août 2008 réformant les règles de la représentativité syndicale commence à porter ses fruits, avec un effet d’écrémage sensible. Le DRH de la SNCF en sait quelque chose, qui n’a plus, en face de lui, que quatre organisations syndicales représentatives au lieu de neuf autour de la table des négociations. Moins de syndicats, donc, mais des interlocuteurs plus forts parce que légitimés par le vote des salariés dans l’entreprise.

Autre signe d’évolution favorable, la CFDT et la CGT, dont les secrétaires généraux se sont longtemps regardés en chiens de faïence, ont entamé un rapprochement remarqué depuis la rentrée. Chauds partisans de la réforme des règles de représentativité, qui donne la primeur aux poids lourds sur les outsiders, les deux syndicats se rejoignent sur une ligne de « changement négocié », même si la confédération de Chérèque est toujours plus encline à la signature que celle de Thibault. Et font preuve d’une attitude responsable, ni va-t-en-guerre ni complaisante, depuis le début de la crise. C’est autour de ces organisations, qui ont raflé plus de 55 % des voix dans le collège salariés lors des dernières élections prud’homales, que va s’opérer la nécessaire recomposition du paysage syndical.

Il serait donc habile de la part de l’exécutif de ne pas contrarier l’alliance objective entre Bernard Thibault et François Chérèque. Deux leaders qui rempileront bientôt pour un nouveau mandat. D’autant plus que le gouvernement aura à mener en 2010 la réforme des retraites. On se rappelle que la précédente, défendue par un ministre nommé François Fillon, avait considérablement affaibli et durablement isolé la CFDT, seule à soutenir l’alignement des régimes des fonctionnaires sur ceux des salariés du privé. Ce serait assurément une erreur tactique que de risquer une nouvelle fracture.

Auteur

  • Jean-Paul Coulange