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Marseille, côté social

Miser d’abord sur la création d’entreprise

Marseille, côté social | Initiatives publiques | publié le : 01.09.2009 | E. B.

Pour lutter contre un chômage historique, Marseille compte sur le renouvellement de ses entreprises.

Le 8 juillet, le palais de la Bourse de Marseille abritait une réunion d’information consacrée au « financement de la création d’entreprise dans les services à la personne ». Un événement banal dans une ville où le Centre de promotion de l’emploi par la microentreprise créé en 1994 par la municipalité, alors dirigée par Robert Vigouroux, distribue chaque année des prêts d’honneur pour un montant de 1 million d’euros. Des réunions d’information sur la création d’emploi sont organisées toutes les semaines dans différents quartiers de la métropole.

ZONES FRANCHES URBAINES

Depuis l’arrivée de Jean-Claude Gaudin à la tête de la municipalité en 1995, Marseille a fait beaucoup d’efforts pour stimuler la création et l’installation de nouvelles entre-prises afin de proposer des emplois sur son territoire. Non content de profiter d’Euroméditerranée, un énorme projet de rénovation urbaine représentant plus de 3,5 milliards d’euros d’investissement, démarré en 1993, le sénateur maire a profité de son passage au ministère de la Ville pour inventer les zones franches urbaines (ZFU), dont l’objectif est d’attirer des entreprises dans les quartiers déshérités grâce aux franchises de taxes et d’impôt. « Normalement, elles ont l’obligation de recruter un quart de leur effectif sur place. Dans les deux ZFU de Marseille, nous avons fait pression, et les taux d’embauche locale montent à 75 % », assure Jacques Rocca-Serra, maire adjoint chargé de l’emploi et des relations internationales.

« Il y a eu simultanément croissance de l’emploi et recul du chômage dans les quartiers concernés », indique Patrick Tanguy, responsable du pôle développement économique à l’Agence d’urbanisme de l’agglomération marseillaise. Globalement, le taux de chômage moyen du secteur Marseille-Aubagne a baissé de 22 % à 11,6 % en quelque dix ans. Un succès que la crise actuelle fragilise. Pour rebondir, la municipalité compte sur la tenue du Forum mondial de l’eau en 2012 et l’organisation des festivités autour de Marseille Provence capitale européenne de la culture en 2013.

LE SOCIAL AU SECOND PLAN

Côté traitement social du chômage, en revanche, les élus ne vont pas au-delà de l’accompagnement de structures en place quand d’autres villes financent leurs propres projets. Jacques Rocca-Serra préside ainsi la Maison de l’emploi, structure informelle créée en 2007 en partenariat avec Pôle emploi. Elle a autorité pour coordonner l’action des 474 structures associatives ou liées à Pôle emploi. Quant aux engagements de la ville, ils demeurent modestes. Le plan Marseille Emploi 2009-2014 prévoit d’épauler 1 000 jeunes diplômés pour trouver leur premier job, la création d’une centaine d’emplois aidés dans les services municipaux et l’introduction d’une clause sociale dans les appels d’offres pour les marchés publics. Autre initiative : le plan local pour l’insertion et l’emploi (Plie) a signé une convention avec l’Afnor pour la création d’Empl’itude, un label qui récompense les entreprises favorisant l’accès à l’emploi des publics éloignés du marché du travail.

« Marseille n’a pas choisi de développer un dispositif particulier pour les chômeurs. Elle a toujours coordonné l’action de dispositifs existants et travaillé en réseau en s’attachant à anticiper les besoins des entreprises », explique Sabine Bernasconi (UMP), ancienne maire adjointe, vice-présidente de la communauté urbaine Marseille Provence Métropole et présidente du Plie. Pour l’heure, la ville laisse au conseil régional (PS) le soin de favoriser l’économie sociale et solidaire.

JEAN-CLAUDE GAUDIN SÉNATEUR MAIRE DE MARSEILLE
“Le chômage n’a augmenté que de 7 %”

L’agglomération marseillaise est-elle moins touchée par la crise que d’autres grandes métropoles ?

Tous les secteurs d’activité subissent les effets de la crise économique, mais c’est l’industrie – et ses sous-traitants – qui est le plus sévèrement touchée. Or elle est peu présente chez nous. Orientée vers les échanges, le tertiaire et les services, l’économie marseillaise résiste bien. En 2009, nous attendons ainsi 4 millions de touristes et 540 000 croisiéristes. Pour Euroméditerranée, les financements publics sont assurés jusqu’en 2012. Quant aux réalisations relevant d’investissements privés, aucune n’est actuellement remise en cause. Tout au plus peut-on envisager quelques retards. Les investisseurs demeurent confiants en l’avenir économique de Marseille et en ses objectifs de développement. Pour autant, nous ne sommes pas encore sortis de la crise et nous restons vigilants.

Comment la municipalité agit-elle pour amortir la crise ?

D’abord, en maintenant l’investissement à hauteur de 200 millions d’euros pour dynamiser l’économie et préserver l’emploi. Ensuite, les plans Marseille Emploi 1995-2001 et 2002-2007 ont contribué à réduire le taux de chômage qui était de 20,8 % en décembre 1995 à 12,7 % en décembre 2008. Si, au cours des douze derniers mois, le taux de chômage a connu une hausse de 16 % en France, il n’a augmenté que de 7 % à Marseille.

Envisagez-vous de recruter des fonctionnaires pour agir sur le chômage ?

Nous appliquons la politique du gouvernement en ne remplaçant pas, lorsque c’est possible, certains départs à la retraite. Ainsi, l’effectif du personnel municipal est en légère diminution (0,9 %).

Cependant, l’un des volets du plan Marseille Emploi 2009-2014 prévoit le recrutement de 100 personnes en recherche d’emploi, en privilégiant les seniors, les travailleurs handicapés et les jeunes issus des ZUS.

L’image de ville frondeuse est-elle préjudiciable à son développement économique ?

Au cours de sa longue histoire, Marseille, jalouse de son indépendance, a été amenée à s’opposer au pouvoir central. Ces événements appartiennent au passé, mais l’image subsiste jusqu’à forger une légende. Elle est malheureusement entretenue par les grèves, les dégradations et les violences d’une poignée de syndicalistes de la CGT qui, après avoir causé la mort de la réparation navale à Marseille, refuse d’appliquer le nouveau statut national de grand port méditerranéen.

Propos recueillis par J.-P. C.

Auteur

  • E. B.