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Idées

Les problèmes d’emploi sont devant nous

Idées | Bloc-notes | publié le : 01.09.2009 | Rose-Marie Van Lerberghe

ÉVITER À TOUT PRIX LES GÉNÉRATIONS PERDUES

Même si l’augmentation du nombre de chômeurs paraît accuser une décélération par rapport au début de l’année, il ne faut pas se leurrer : la situation de l’emploi risque de se détériorer dramatiquement à la rentrée. La longueur des PSE, l’usage impressionnant du chômage partiel masquent un potentiel important de licenciements économiques. Surtout, l’arrivée massive des jeunes sortant du système scolaire, au moment où les entreprises sont en difficulté ou jouent la prudence, constitue un défi majeur. Les experts ont pu démontrer que les générations qui arrivaient sur le marché du travail au mauvais moment ne s’en remettaient jamais. Condamnées à accepter des petits boulots, abîmées par les difficultés d’insertion, ce ne sont pas elles qui profitent de la reprise économique. Les processus de recrutement des entreprises profitent en effet aux générations suivantes. Les pouvoirs publics ont pris des mesures très avantageuses pour les entreprises afin de développer l’alternance et en particulier l’apprentissage. L’idée n’est pas neuve. Au début des années 90, Antoine Riboud avait assigné un objectif de 2 % des effectifs en alternance à l’ensemble du groupe Danone. L’expérience prouve que cela ne marche qu’avec un engagement très fort des directions générales. Mais quand ça marche, l’entreprise y trouve son compte non seulement en termes d’image, mais également du fait de la mobilisation et de la motivation que cela entraîne en interne.

QUAND LES SALARIÉS NE CROIENT PLUS AU RECLASSEMENT

Contrairement à l’Allemagne, la tradition française est de tout mettre en œuvre pour reclasser plutôt que simplement indemniser en cas de licenciement économique. Les services de l’emploi ont longtemps pourchassé les « primes à la valise » dans les plans sociaux. Les conventions de reclassement personnalisé ainsi que les contrats de transition professionnelle perpétuent cette tradition. Les conflits violents et médiatisés qui expriment un désespoir profond et un scepticisme radical sur les possibilités de reconversion nous interpellent sur la pertinence des politiques de l’emploi et des méthodes d’accompagnement vers l’emploi.

QUELS EMPLOIS POUR DEMAIN ?

Les emplois perdus pendant la crise risquent bien de l’être définitivement. La question est de savoir à quels emplois préparer pour demain. On se rassure avec l’idée que ce seront ceux de la connaissance. C’est ignorer que l’Inde ou la Chine forment proportionnellement plus d’ingénieurs que nous. C’est oublier que chaque année 150 000 jeunes sortent du système scolaire sans qualification, sans parler des cohortes d’étudiants qui quittent l’université sans diplôme ou avec un diplôme qui ne mène à aucun emploi. C’est bien de chercher à développer l’emploi dans les créneaux de la haute technologie, mais il faudrait simultanément développer l’emploi dans les services de proximité. La France est traditionnellement en retard dans ce domaine, les services prenant une part moins importante que dans d’autres pays européens comme le Danemark.

Auteur

  • Rose-Marie Van Lerberghe