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Idées

Le syndicalisme en procès

Idées | Livres | publié le : 01.09.2009 |

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Le syndicalisme en procès

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Voici un livre qui risque de faire du bruit. Deux des meilleurs spécialistes du sujet, Dominique Andolfatto et Dominique Labbé, dénoncent l’institutionnalisation de notre syndicalisme. Ils réfutent catégoriquement l’idée que la faiblesse numérique du syndicalisme français soit un héritage de l’histoire. Car ce n’est que depuis 1978 que la France est entrée dans un puissant mouvement de désyndicalisation. L’ampleur de cette tendance nous distingue aujourd’hui nettement du reste de l’Europe. Comment expliquer ce mal français ? C’est que nos syndicats ne font plus leur métier. Leurs représentants sont trop éloignés du « terrain » pour prendre la mesure réelle des problèmes auxquels se heurtent les salariés et s’en faire les porte-parole. L’explication de leur impuissance relative tient aussi dans leur dépendance financière par rapport aux employeurs et à l’État. Une accusation qui va certainement provoquer beaucoup d’indignation dans les rangs syndicaux, mais que Labbé et Andolfatto étaient en affirmant que les cotisations payées par les adhérents représentent moins de 8 % des ressources financières officielles des syndicats, « qui sont bien inférieures aux ressources réelles », l’essentiel venant de l’État et d’organismes paritaires. Les deux spécialistes analysent la transformation du paysage syndical dans les trente dernières années comme le passage d’un « modèle de la mobilisation sociale » à un simple « système de groupes de pression en lutte pour le partage de positions de pouvoir et de ressources diverses ». On peut ne pas partager leur acrimonie. Il faut toutefois reconnaître que leur constat frappe souvent juste et qu’il fournit une des analyses les plus précises qui ait été faite depuis longtemps de l’état du monde syndical en France.

Toujours moins ! Déclin du syndicalisme à la française. Éd. Gallimard, coll. « Le Débat ». 220 pages, 16,50 euros.