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Enquête

Inégaux devant le licenciement

Enquête | publié le : 01.06.2009 | Anne-Cécile Geoffroy, Laure Dumont

Durée de la procédure, montant du chèque, accompagnement : les salariés des grands groupes et des PME n’ont pas le même régime.

Dans la France en crise, 80 % des licenciements économiques ont lieu hors du cadre d’un plan social. Ce chiffre, sur lequel tous les experts s’accordent, reste invérifiable ! Seule certitude : la crise économique génère de nombreuses suppressions d’emplois aux appellations multiples et parfois imprécises, de la rupture conventionnelle au licenciement « pour motifs personnels ». Dans les chiffres officiels, 15 % seulement des demandeurs d’emploi le sont devenus à l’issue d’un licenciement économique au sens propre. Concrètement, depuis janvier 2009, 90 000 nouveaux chômeurs s’inscrivent à Pôle emploi tous les mois. Ils ont quitté leur emploi sans négociation préalable, dans les conditions minimales prévues par la loi, parfois avec un préavis très court. Dans telle TPE, ce seront trois employés ; dans telle agence immobilière, une commerciale ; dans ce restaurant de quartier, une serveuse et un cuisinier…

Entre eux et les salariés des grosses entreprises, il y a un monde. « Ce sont les PME qui emploient la majorité des salariés. Mais, paradoxalement, le fait qu’elles procèdent à des licenciements, souvent secs, passe totalement inaperçu », commente Rachel Beaujolin-Bellet, professeur à Reims Management School et spécialiste des restructurations.

La première disparité se situe donc au niveau de la taille de l’entreprise. Elle détermine un autre élément important qui est le taux de syndicalisation. « Dans les faits, constate le sociologue Jean-Michel Denis, il n’y a pas d’auto-organisation des salariés en dehors des syndicats. » Mais une foule d’autres critères s’ajoute à ce constat de départ : de la convention collective à l’âge en passant par le bassin d’emploi et le secteur dans lequel on travaille. Leur addition fera qu’au bout du compte certains licenciés s’en tireront mieux que d’autres. Gérard Cherpion, député UMP des Vosges, auteur d’un rapport sur l’efficacité des cellules de reclassement publié en octobre 2008, pointe les dysfonctionnements. Selon lui, « les primes à la valise créent des inégalités énormes ; ces mesures ne sont pas courageuses et mènent les gens dans le mur ». Dans son rapport, il propose de créer un fonds alimenté par ces primes. Objectif : mutualiser pour financer l’accompagnement. Il s’agirait également de créer des outils de contrôle et d’évaluation des cellules de reclassement, dont l’efficacité reste aléatoire : 56 % des salariés passés par une cellule sont effectivement reclassés. Pour tenir compte de ces disparités, Liaisons sociales magazine a choisi trois critères afin de comparer la situation des salariés victimes de la crise : le temps dont ils disposent entre le moment où ils apprennent la suppression de leur poste et leur départ effectif, l’indemnité qu’ils vont toucher et les dispositifs d’accompagnement dont ils vont bénéficier, ou non, pour retrouver un emploi. Enquête sur le terrain.

Auteur

  • Anne-Cécile Geoffroy, Laure Dumont