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Côté social

L’emploi et l’insertion en point de mire

Côté social | Initiatives publiques | publié le : 01.06.2009 | L. J.

Journées de recrutement, clauses d’insertion dans les appels d’offres, aide à la mobilité…, la collectivité s’emploie activement à lutter contre le chômage.

Cela s’est passé le 14 novembre à la mairie du VIIIe : 18 entreprises de secteurs en tension, comme les services à la personne, la sécurité, le nettoyage, qui avaient 114 postes à pourvoir ont reçu 203 candidats. À l’issue de cette journée, 17 contrats de travail ont été signés, dont 6 CDI. « Un tiers des candidats n’avaient jamais eu l’occasion de se présenter en face à face avec un recruteur », explique Vincent Belley, qui dirige la Plateforme pour l’emploi, une structure créée en 2003 et financée par la Ville à hauteur de 300 000 euros, afin de faciliter l’emploi des plus précaires. À raison de trois journées par an, les dating emploi aboutissent à 15 %, voire 20 % de réussite. Un score plus qu’honorable au vu des profils des candidats : 40 % seulement ont leur permis de conduire et les deux tiers sont sortis du « public jeune ». La Plateforme se charge de prospecter les PME de l’agglomération, les aide à définir les profils recherchés et puise dans le vivier des bénéficiaires du plan local pour l’insertion et l’emploi (Plie). Un travail de fourmis qui a permis de recruter 430 personnes en 2008 et de démarcher 850 entreprises.

RAPPROCHER L’OFFRE ET LA DEMANDE

Les clauses d’insertion inscrites dans les marchés publics s’avèrent aussi un bon tremplin vers un emploi durable. La Plateforme, toujours elle, accompagne les soumissionnaires aux marchés publics dans l’élaboration de leurs clauses d’insertion. Elle s’est dotée d’un conseil d’orientation réunissant 10 entreprises locales dans le bâtiment, la sécurité, les services à la personne, le nettoyage pour cerner leurs attentes : « Certaines entreprises ne répondent même pas aux appels d’offres car elles jugent les clauses d’insertion trop strictes », souligne Anne-Sophie Condemine, maire adjointe déléguée à l’emploi, à l’insertion et à la formation. Outre les grands chantiers – les berges du Rhône, Lyon Confluence, les lignes de tramway –, la Ville s’efforce aussi de glisser des clauses d’insertion dans diverses activités comme la confection des rideaux des écoles.

L’absence de mobilité freine l’accès à l’emploi. Avec l’État et l’association Uni-Est, le Grand Lyon a mis en place un système de transport microcollectif, notamment utilisé par les travailleuses familiales : 400 d’entre elles sont régulièrement transportées, ce qui génère quarante mille heures de travail par an. La collectivité cède aussi gratuitement et pour une période de trois ans 15 petites cylindrées réformées à l’association Aid’Auto 69. Les personnes en situation précaire peuvent ainsi louer une voiture moyennant 5 euros par jour.

DU SUR-MESURE AVEC LA RÉGION

Depuis 2005, la région Rhône-Alpes pilote le contrat d’aide et de retour à l’emploi durable (Cared). Destiné aux jeunes peu qualifiés et aux chômeurs de longue durée, le Cared prend la forme d’un parcours sur mesure pour un candidat destiné à un emploi clairement identifié, proposé par une entreprise ou une branche professionnelle ayant conclu une convention avec la Région. Feu Vert a signé pour 17 emplois dans ses ateliers situés en Rhône-Alpes, Securitas pour 10, Keep Call pour 20…, et tout récemment la SNCF pour 30 emplois de conducteurs de tram-train. À ce jour, 1 730 conventions ont été conclues et 10 000 emplois pourvus, dont 55 % en CDI. 78 % des bénéficiaires du Cared ont moins de 35 ans, un sur deux a moins de 25 ans. L’écrasante majorité (89 %) possède un niveau inférieur au bac et accède de ce fait à une formation qualifiante.

GÉRARD COLLOMB, SÉNATEUR MAIRE DE LYON ET PRÉSIDENT DE LA COMMUNAUTÉ URBAINE
“Je ne crois pas à des révoltes sociales”

Comment le Grand Lyon est-il touché par la crise ?

La chance de l’économie lyonnaise, c’est d’être extrêmement diversifiée. Le premier employeur privé de l’agglomération, Renault Trucks, se trouve en très grande difficulté, avec une chute de ses commandes de 60 %. La chimie lourde, aussi, souffre beaucoup. Mais d’autres secteurs, comme la santé ou les technologies propres, continuent de se développer. Globalement, le chômage a progressé, sur un an, de 20 %. C’est moins que la moyenne nationale.

Craignez-vous des flambées de violence dues à la crise ?

Non. La ville a connu de fortes mobilisations lors des manifestations du 29 janvier, du 19 mars ou du 1er Mai. Mais il y a à Lyon un certain consensus sur la façon de diriger l’économie. Les salariés de Renault Trucks, par exemple, n’ont pas manifesté en masse. Ils ont conscience que leur direction se trouve dos au mur et se bat pour sauver l’emploi. Je ne crois pas non plus au retour de mouvements de révolte sociale dans les zones sensibles comme Vaulx-en-Velin ou Vénissieux. Ces quartiers souffrent, certes, d’une forte montée du chômage. Mais leurs habitants voient aussi des améliorations, avec la construction de lignes de tramways ou l’ouverture du centre commercial du Carré de soie, qui crée de l’activité.

Que fait le Grand Lyon pour amortir la crise ?

De la relance économique. En 2009, on va investir 465 millions d’euros dans nos programmes, contre 400 millions d’euros les années précédentes. Par exemple pour lancer la rénovation du tunnel de la Croix-Rousse. Ou pour construire de nouveaux logements sociaux. Ce qui a un effet booster sur les travaux publics et le bâtiment. Dans les périodes fastes, les promoteurs immobiliers n’étaient pas enthousiastes à l’idée d’inclure 25 % de logements sociaux dans leurs opérations. Aujourd’hui, c’est grâce à ces programmes de mixité sociale qu’ils peuvent les démarrer.

En tant qu’employeur, montrez-vous l’exemple en recrutant davantage ?

Ce serait une mauvaise solution. Car si nous embauchons, c’est au moins pour trente ans ! Nous essayons, au contraire, de contenir la masse salariale pour dégager des marges de manœuvre supplémentaires. C’est par l’économique que se crée la richesse, et donc l’emploi. Pas l’inverse. En investissant dans les quartiers sensibles, j’essaie de créer une métropole équilibrée. C’est ma façon de construire une ville sociale.

Propos recueillis par Stéphane Béchaux et Jean-Paul Coulange

Auteur

  • L. J.