Clap première pour les Pays de la Loire ! À 40 ans, Laurent Berger, secrétaire de l’Union régionale, rejoint la commission exécutive de la CFDT, un poste que ses deux prédécesseurs avaient refusé. Son entrée dans l’instance de direction est un événement dans cette région connue pour sa liberté de parole. À s’être vu taxer de « majoritaire critique » quand d’autres unions versaient dans le « notatisme » béat ou la contestation. Époque révolue : « Les Pays de la Loire ne cultivent pas de particularisme. Il n’existe pas de troisième voie », martèle le nouveau secrétaire national, qui remplacera en juin Jacky Bontems et se chargera d’organiser le congrès, en 2010, à Tours. De quoi apporter de l’eau au moulin de ceux qui voient en lui le successeur de François Chérèque. Même si le sujet semble prématuré, celui-ci se représentant. « La question ne m’intéresse pas. Je ne crois pas à l’homme providentiel mais à la réflexion et à l’ambition collective. Je viens faire le job et rejoindre une équipe », rétorque ce Saint-Nazairien, père de trois enfants. Réputé « brillant et bosseur sans avoir la grosse tête », il n’est pas inconnu dans l’organisation. En 2006, il était le deuxième mieux élu au bureau national. En 2004, en clôture du colloque des 40 ans de la centrale, Edmond Maire lui a rendu un hommage appuyé, le citant en exemple de la génération qui « va devoir inventer son réformisme ». Allusion aux sessions de réflexion lancées par le secrétaire régional après la réforme des retraites de 2003. « Nous avions besoin de nous réinterroger et de poser un socle de valeurs partagées », précise ce passionné de débats, repéré par les dirigeants locaux.

Ce fils de cédétistes a le militantisme chevillé au corps. À 15 ans, il animait des permanences de la Jeunesse ouvrière chrétienne, dont il rejoindra, à 24 ans, le secrétariat national, maîtrise d’histoire en poche. Sa carte CFDT, il l’a prise alors qu’il était pion. « Il mouille sa chemise. C’est un homme de terrain avant tout », résume Jean-Yves Texier, qui a « recruté » ce conseiller en insertion professionnelle à l’UL de Saint-Nazaire. Syndicalisation, aide aux négociations 35 heures dans les PME, emplois jeunes : Laurent Berger y labourera la base. « Ce qui l’intéresse, ce sont les effets concrets des batailles syndicales sur la vie des salariés. Pas les joutes autour de motions », renchérit Jean-Paul Leduc, son recruteur à l’UR, où il a fait grande impression. « Il inscrit son action quotidienne dans une vision stratégique de l’emploi », précise un ex-préfet des Pays de la Loire. Tenant d’une CFDT « efficace et proche des salariés », il y a rajeuni et féminisé les instances locales. Sa marque de fabrique.

Secrétaire national de la CFDT, 40 ans.

1991

Adhère à la CFDT.

1992

Rejoint la direction nationale de la JOC.

1996

Intègre l’UL CFDT de Saint-Nazaire.

2003

Dirige l’UR CFDT des Pays de la Loire.