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Idées

Le nouvel État social

Idées | Livres | publié le : 01.05.2009 | Jean Mercier

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Le nouvel État social

Crédit photo Jean Mercier

Investir dans le social, Jacques Delors et Michel Dollé. Éditions Odile Jacob. 288 pages, 23 euros.

Infatigable promoteur de l’État providence, Jacques Delors reprend la plume, avec Michel Dollé, son collaborateur au Conseil de l’emploi, des revenus et de la cohésion sociale, pour venir à la rescousse de ce chef-d’œuvre en péril. Préférant l’expression plus globalisante d’État social, le père de la loi sur la formation continue reconnaît que le fonctionnement de ce dernier est remis en question par l’individualisation croissante de nos sociétés. Face à cette menace, l’ancien ministre s’efforce d’articuler une réponse qui ne soit pas purement protestataire, en s’appuyant sur un concept mis en évidence par le sociologue Bruno Palier : l’État d’investissement social.

Ce terme implique deux renversements de perspective. D’abord, il concentre ses actions sur l’accès à l’emploi, par l’amélioration des capacités individuelles ou collectives les mieux à même de conduire à un meilleur emploi. Ensuite, il cherche à réduire les inégalités en s’attaquant à leur racine plutôt que de se contenter de corriger les situations observées. L’ouvrage tente de réexaminer les champs d’intervention de l’État social et de définir, pour chacun d’entre eux, ce que pourrait être une politique inspirée par le nouveau paradigme. Attention toutefois aux contresens, préviennent les deux auteurs : l’État d’investissement social est un prolongement de l’État providence. Un des points essentiels de la transformation de l’État social doit être la conciliation des exigences de flexibilité des entreprises avec le besoin de sécurité du salarié. La panoplie est large : aménagement des temps de travail, incitations financières pour amener les employeurs à mieux gérer leurs effectifs, encouragement systématique à la négociation sociale… Delors et Dollé pointent les effets pervers potentiels du contrat unique. Quant à utiliser la seule pénalisation financière pour contenir les licenciements économiques, ils y voient une « pure monétisation des obligations de l’employeur » qui mènerait à « une remise en question de la relation de travail ».

Une bonne partie de l’ouvrage est consacrée aux problèmes d’éducation et de formation. La situation décrite n’est guère brillante : une éducation initiale devenue le lieu où se nourrit la différentiation sociale. Un système éducatif producteur d’inégalités. Mais aussi une formation continue qui profite peu aux salariés peu qualifiés, dont le fonctionnement complexe n’est régi par aucune autorité indépendante. Finalement, leur essai constitue un plaidoyer convaincant pour le développement d’un nouveau service public, dans lequel, soulignent-ils, de nombreux agents devront changer de métier pour faciliter le passage à un État d’investissement social.

Auteur

  • Jean Mercier