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Idées

Les limites de la réformite

Idées | Livres | publié le : 01.04.2009 | Jean Mercier

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Les limites de la réformite

Crédit photo Jean Mercier

Les Réformes ratées du président Sarkozy, Pierre Cahuc et André Zylberberg. Éditions Flammarion. 244 pages, 18 euros.

Le tempo des réformes de Nicolas Sarkozy est particulièrement soutenu depuis son arrivée à l’Élysée. C’est même une des marques de fabrique du nouveau président, relèvent Pierre Cahuc et André Zylberberg. Les chantiers sont ouverts à un rythme accéléré pour empêcher l’agrégation des oppositions. Les revendications catégorielles sont rapidement traitées afin d’éviter une coagulation dangereuse. C’est le prix à payer pour se concilier ceux qui ont un réel pouvoir de blocage. Au risque de gonfler considérablement la facture, comme on l’a vu avec la réforme des régimes spéciaux de retraite. Mais si cette méthode donne une apparence d’efficacité, elle a des conséquences très néfastes sur le fond des réformes. « Les réformes réalisées pendant les dix-huit premiers mois de la présidence de Nicolas Sarkozy n’ont aucune raison de réduire le chômage, d’accroître l’emploi et d’améliorer le pouvoir d’achat, écrivent Cahuc et Zylberberg. Elles ont même plutôt tendance à aggraver les problèmes qu’elles devaient résoudre tout en creusant le déficit public. »

Leur analyse critique commence avec la loi de modernisation du marché du travail. Pour les deux économistes, représentants de la « gauche moderne », le texte ne résout aucun des problèmes posés par notre législation du licenciement. À leurs yeux, la réforme de la représentativité syndicale est tout aussi ratée, car le vrai sujet, celui du financement des organisations syndicales, n’a pas été traité. Ni les moyens d’obliger les syndicats à se tourner vers un syndicalisme de service tel que le pratiquent leurs homologues nordiques.

Plus globalement, c’est la tentative de réhabiliter le travail en prenant appui sur le désir des salariés d’améliorer leur pouvoir d’achat que les deux auteurs estiment à côté de la plaque. Ils jugent « aberrante » la défiscalisation des heures supplémentaires, une des mesures les plus emblématiques du gouvernement Fillon. Cahuc et Zylberberg rappellent qu’une hausse du taux de majoration des heures supplémentaires provoque à terme une baisse de la rémunération d’une heure normale. Ils réservent les mêmes flèches au revenu de solidarité active, « usine à gaz » qui ne règle en rien la question cruciale de l’accompagnement vers l’emploi. La critique est implacable, mais elle a comme principal défaut de ne pas proposer de voie alternative, sinon une bien vague référence à l’indispensable modernisation de notre démocratie politique et sociale.

Auteur

  • Jean Mercier