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Idées

Lendemains de manif

Idées | Bloc-Notes | publié le : 01.04.2009 | Bernard Brunhes

TOUS PAUMÉS !

L’écoute ou la lecture des médias dans les jours qui ont précédé et suivi la grande manif du 19 mars laissent une curieuse impression. Personne n’a rien dit… Le Premier ministre, certes, s’est exprimé le soir même, mais pour dire seulement : on ne change rien. Le ministre du Travail a été d’une discrétion exemplaire. Le conseiller social du président a donné des interviews dans la presse écrite et audiovisuelle – ce qui était nouveau – mais sans prendre position sur les mesures à prendre pour répondre à l’inquiétude qui s’exprimait dans la rue. La présidente du Medef ne proposait rien, se contentant de transmettre l’opposition, bien naturelle, des chefs d’entreprise à toute hausse des charges salariales. Le président de l’Unedic reproche au gouvernement de faire des chefs d’entreprise des « boucs émissaires ». Les leaders syndicaux n’ont pas été plus en verve. Ils ont défilé en tête des cortèges, certes, mais leur discours n’est pas plus audible.

Une fois que l’on a protesté contre l’explosion du chômage, c’est-à-dire en fait contre une récession internationale qui nous dépasse largement, il ne reste pas grand-chose à revendiquer : le retour sur la loi Tepa – mais les salariés ne tiennent pas du tout à ce que l’on remette en cause ses dispositions absurdes sur les heures supplémentaires –, la limitation des bonus et autres stock-options (mais comment fait-on ?), l’interdiction des licenciements, mais seul Olivier Besancenot ose aller jusque-là… Tous paumés ! Dans une situation inattendue, confrontés à une crise exceptionnelle que personne n’avait anticipée, les grands acteurs économiques et sociaux sont muets face à l’inquiétude de la foule !

LA FRANCE, UNE ÎLE ?

Mes fonctions me conduisant à parcourir le monde, je constate que cette perte de repères n’est pas une spécificité française. Si les Français descendent plus volontiers dans la rue, ils ne sont pas plus doués pour imaginer des solutions à cette crise. La vraie déception vient de l’inaptitude de l’Union européenne à exister quand tout va mal. Le protectionnisme reprend le dessus. On peut espérer que les organisations syndicales européennes travaillent aujourd’hui à la recherche de réponses communes. Mais on ne les entend pas. La Confédération européenne des syndicats devrait saisir cette occasion pour exister vraiment…

JEUNES : LE RETOUR

Périodiquement, les gouvernements, avec une régularité qui les honore, découvrent que le taux d’emploi des jeunes est trop faible dans notre pays. Nouvelle phase cette année, qui a abouti à la nomination d’un haut commissaire à la Jeunesse et à un nouveau plan d’action. On sait ce qu’il est advenu des plans antérieurs, le dernier étant le projet de CPE qui a tant fait souffrir le gouvernement Villepin. Depuis trente ans ou plus, les spécialistes s’accordent pour dire que la question de base est la relation entre l’école et l’entreprise : lycées et universités doivent donner aux élèves et aux étudiants la formation qui leur permettra de s’insérer et les orienter en fonction du marché du travail. Les entreprises doivent comprendre de leur côté que l’Éducation nationale n’est pas là pour leur fournir des travailleurs prêts à l’emploi et qu’elles ont un rôle essentiel à jouer dans leur insertion. Tant que les uns et les autres ne seront pas convaincus de leurs rôles respectifs et de la nécessité de coopérer sans préjugés, tous les programmes d’aides et de contraintes resteront parfaitement illusoires.

Auteur

  • Bernard Brunhes