À juste titre, la revue d’Hugues de Jouvenel consacre une de ses contributions aux récents travaux sur la démocratie de Pierre Rosanvallon, dont Ségolène Royal s’était inspirée pour bâtir son style de campagne en 2007. Le professeur au Collège de France s’y livrait à une analyse subtile de ce qu’il a baptisé la contre-démocratie. Comme le rappelle Julien Damon, le sociologue a une heureuse formule pour souligner le passage du « peuple électeur du contrat social » aux figures du « peuple-surveillant, du peuple-veto et du peuple-juge ». D’où des modes de décision plus participatifs, parfois bavards, comme l’actualité politique et sociale nous en fournit nombre d’exemples.

Changement de look pour la revue des jésuites qui fait appel à un de ses habitués : Jean-Pierre Le Goff reprend le thème du « fil rompu des générations ». La rupture, c’est Mai 1968 qui a laissé les nouvelles générations face à des parents, des enseignants et des éducateurs « qui n’assumaient pas ou mal leur rôle de transmission d’un héritage avec lequel ils étaient eux-mêmes en rupture ». En plus de cette crise culturelle, les jeunes post-soixante-huitards ont été confrontés au chômage de masse. L’auteur invite à « retisser le fil de la transmission » en réinterrogeant et en se réappropriant « ce qui dans notre héritage religieux, culturel et politique constitue des ressources pour affronter les nouveaux défis du présent ».

Un article de Lionel Jospin sur la crise financière, que l’ancien Premier ministre socialiste analyse comme un « retour au réel », a fait beaucoup parler de ce numéro du Débat. La synthèse de l’ex-leader du PS vaut le détour. Paul Thibaud la complète avec un article sur « la crise que cache la crise ». Il attribue cette dernière à un mouvement général de désinstitutionnalisation et de déclin de la politique, causes d’une véritable « déstructuration de l’esprit public ». Pour lui, à tous les échelons – national, européen, mondial –, ce qui est à refonder, avant même le capitalisme, c’est la politique.

L’Institut de recherches économiques et sociales a publié fin 2008 ce numéro entièrement dédié aux réformes de l’indemnisation du chômage. Florence Lefresne analyse les diverses voies choisies pour mettre en place la difficile sécurisation des parcours professionnels. Elle prend ses distances avec « la vulgate qui oppose dépenses passives (à connotation négative) et dépenses actives (à connotation positive) », note le tour de vis subi un peu partout par le système d’indemnisation du chômage : conditions d’éligibilité durcies, durées et montants revus à la baisse… En conclusion, elle fait valoir que « la protection indemnitaire contre le chômage constitue bien le premier facteur de sécurisation des trajectoires professionnelles et la condition d’une mobilité régulée ».