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Idées

Génération déclassement

Idées | Livres | publié le : 01.03.2009 |

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Génération déclassement

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Le Déclassement, Camille Peugny. Éditions Grasset, collection « Mondes vécus ». 176 pages, 15,50 euros.

Le thème du déclassement est devenu omniprésent dans le débat public. À juste titre, car la société n’est plus en mesure de permettre à une part croissante de ses membres de maintenir la position de la génération précédente. Camille Peugny dresse le constat d’une dégradation générale des perspectives de mobilité sociale, dont les prémices remontent à la fin des années 60. Certes, le diplôme reste le premier rempart contre le déclassement. Mais la position sociale est de moins en moins conditionnée par le niveau de diplôme. « Bien que plus diplômés que leurs parents, nombre de trentenaires et de quadragénaires se retrouvent dans l’incapacité de maintenir la position de leurs ascendants ».

L’intérêt du livre vient de ce qu’il ne se contente pas d’établir ce constat connu, mais qu’il tente d’en analyser les conséquences. Les « déclassés » éprouvent un double sentiment face à leur situation : celui de rébellion et celui de retrait. Comment ces diverses frustrations se traduisent-elles sur le plan des comportements ? Le profil politique des déclassés se distingue par des tendances à l’autoritarisme qui alimentent une hostilité envers les immigrés. Économiquement, les déclassés se montrent plus revêches au libéralisme économique que les autres enfants de cadres. Ils sont, en revanche, faiblement intéressés par les questions sociales. Ils veulent un État protecteur, « mais qui protège avant tout les individus qui travaillent ».

De cette plongée dans le déclassement, Camille Peugny ressort avec deux convictions. D’abord, il revient à l’école de réduire le fossé entre formation et emploi. Ensuite, c’est à l’État de construire des filets de protection pour amortir les effets de cette mobilité descendante, dont on sous-estime souvent la douleur et le désarroi qu’elle provoque chez ses victimes.