logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Le bloc-notes

Les Européens doivent chercher ensemble de nouvelles solidarités

Le bloc-notes | publié le : 01.03.2000 | Bernard Brunhes

L'arrivée de l'extrême droite au pouvoir en Autriche sera-t-elle le révélateur des limites de l'Europe politique et le déclencheur de nouvelles avancées ? Survenant à point nommé, un séminaire a réuni – les 18 et 19 février à Sintra, au Portugal – une soixantaine de chefs d'entreprise, de leaders syndicaux, de responsables politiques et d'universitaires venant de toute l'Union européenne. Son objet : l'identité européenne.

Certes, nos pays ont une histoire commune. Mais elle est faite au moins autant de guerres et de violences que d'un patrimoine culturel commun. Il faudra du temps pour que les Européens adoptent une idée commune de ce qu'est la vie ensemble, en faisant vivre et en enrichissant mutuellement ce patrimoine culturel.

L'Europe sociale, que l'on voudrait voir au centre de la construction européenne, tarde à se modeler. Pourtant, les systèmes de protection sociale mis en place et développés après la Seconde Guerre mondiale, au-delà de leur diversité institutionnelle, sont un acquis commun, témoignage d'une exigence de solidarité entre les hommes propre à notre Europe. Parce que les données démographiques et économiques mettent à mal les structures en place, il nous faut chercher les nouvelles formes de la solidarité.

Le droit au travail et le droit à l'emploi, que l'on croyait acquis dans nos pays, sont directement contestés par l'économie nouvelle née de la mondialisation et des nouvelles technologies qui entraînent incertitude et précarité. Là encore, les Européens devront innover. La société de l'information et de la connaissance qui se met progressivement en place risque de laisser beaucoup d'hommes et de femmes au bord du chemin si un effort considérable n'est pas fait pour assurer l'enseignement tout au long de la vie et l'employabilité pour tous.

Les polémiques surgies à propos de la situation autrichienne remettent à nouveau dans le débat les droits fondamentaux des citoyens, dans une Europe pluriethnique, plurireligieuse et pluriculturelle. Là encore, il faut que les pays membres de l'Union progressent ensemble.

Cette quête de l'Europe sociale, c'est aussi la quête de l'identité européenne. Elle ne sera pas conduite à coups de décisions administratives et politiques, mais au terme d'un long cheminement des acteurs se rapprochant progressivement les uns des autres par-delà les frontières. Il est plus difficile à notre mosaïque de pays de s'accorder sur les choix culturels et sociaux que sur une monnaie commune.

Paritarisme et tripartisme. Le Medef a réussi son coup : la réunion interprofessionnelle avec les cinq centrales syndicales s'est bien passée. Quand on examine la liste des thèmes que s'apprêtent à aborder patrons et syndicalistes, on voit qu'il n'y manque rien ! Tout devrait être mis à plat. Une ambition peut-être démesurée mais à la hauteur des enjeux.

On se demande comment l'État va s'insérer dans ces réflexions qui le concernent au plus haut point. La transparence est une exigence de la démocratie : il faut que l'État ne se contente pas d'interventions en coulisse et que le paritarisme et le tripartisme trouvent leurs domaines et leurs règles du jeu.

Les 35 heures. Encore et toujours. M. Zuccarelli a rondement mené les négociations avec les syndicats de fonctionnaires. À la date où j'écris, on ne connaît pas encore le nombre de paraphes qui figureront au bas de l'accord. Mais l'exercice relevait de l'acrobatie.

D'abord parce que cet accord englobe trois fonctions publiques, gérées de façon fort différente : l'État-patron fait ce qu'il veut de la première (il n'a d'ailleurs aucune obligation de négocier) ; la seconde, la territoriale, obéit au principe de la libre administration par les élus des collectivités locales ; la troisième, l'hospitalière, a des exigences de fonctionnement et de financement que la restructuration actuelle a rendu plus actuelles encore.

Ensuite parce qu'il y avait deux vraies difficultés. Quelles créations d'emplois ? Sur ce point, l'accord est très prudent. Il parle – et pour la seule fonction publique d'État – d'un remplacement global des départs en retraite, et avec redéploiement. 35 heures ou 1 600 heures ? Entre les deux, la différence réside dans la prise en compte ou non des jours de repos qui ne sont pas les congés officiels. La réponse est habile et ambiguë puisque l'accord stipule à la fois que la durée hebdomadaire est de 35 heures et que le décompte est réalisé sur la base d'une durée annuelle de 1 600 heures maximum. Des contentieux en perspective.

Auteur

  • Bernard Brunhes