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Le label Microsoft vaut de l'or

Dossier | publié le : 01.04.1999 |

En marge des certificats de qualification professionnelle de branche (CQP) et autres diplômes obtenus par la validation des acquis professionnels viennent se greffer des certifications d'entreprise « home made ». Microsoft a ainsi développé sa propre qualification. Un sésame qui parle aux recruteurs.

Les petites annonces du secteur informatique sont éloquentes. Les diplômes traditionnels jouent les seconds rôles dans une pièce où les certifications de Microsoft, Novell et autres Lotus occupent désormais devant de la scène. Un phénomène très spécifique à cette activité en plein boom. Dans les autres secteurs, le diplôme, même s'il a beaucoup perdu de sa superbe, conserve une place de choix dans les critères d'embauche. Mais les entreprises liées aux nouvelles technologies exigent, en plus des qualifications classiques, de nouvelles garanties. « Les recruteurs accordent une grande crédibilité aux certifications délivrées par ces éditeurs, souligne Abdelhak Lotfi, directeur de la formation chez Expert'Ease, un organisme de formation strasbourgeois spécialisé dans l'informatique, agréé Microsoft. Lorsque je prends ma casquette de recruteur pour le compte de la société, je privilégie également ces certifications très orientées produit. Le diplôme universitaire ou d'école d'ingénieurs ne constitue qu'un indicateur. »

Le vieux débat de la complémentarité entre le diplôme, nécessaire pour acquérir les bases théoriques, et une qualification de terrain reste d'actualité. En témoigne le succès grandissant de ces certifications entièrement concoctées en interne par les grands des nouvelles technologies de l'information et prisées par les DRH mais aussi par les informaticiens. « C'était un plus sur un CV, c'est devenu une nécessité pour travailler sur les réseaux », renchérit Emmanuel Hébert, salarié d'ASCD, une SSII parisienne.

Ce jeune titulaire d'un BTS en informatique de gestion, réalisé en alternance, est en passe d'être certifié MCP SE (Microsoft Certified Professional Systems Engineer). Il doit encore passer trois examens, sur un total de six, pour obtenir la qualification. Une certification proposée par son employeur, qu'il accepte bien volontiers. « Se faire offrir ce type de formation, qui coûte entre 30 000 et 35 000 francs, est plutôt une chance, souligne Emmanuel Hébert, partisan de la logique donnant, donnant. Avant, je travaillais surtout dans le domaine de la programmation. Aujourd'hui, la société mise sur l'administration de réseaux.

Mon employeur m'a demandé de suivre cette formation, qui correspond à un mois et demi réparti sur toute l'année. Le boulot est conséquent et empiète souvent sur mes loisirs, mais le jeu en vaut la chandelle. » À court terme, et sous réserve d'obtenir la certification, le jeune homme touchera 5 000 francs de plus par mois, soit une augmentation de 30 %. Un effet direct de la formation sur la rémunération qui n'est toutefois pas généralisé à l'ensemble des entreprises. À long terme, Emmanuel Hébert sait que ce label MCP SE représente aussi une forte monnaie d'échange sur un marché où les candidats, denrée rare, savent faire monter les enchères.

Une pénurie de 520 000 informaticiens

La pénurie d'informaticiens est d'ailleurs l'un des facteurs qui ont poussé Microsoft à développer la certification, mais aussi à bâtir des programmes de type Compétences 2000. « Ce projet est né d'un constat, explique Vincent Basquin, responsable de la formation et chargé de mission sur ce dispositif. Le déficit de compétences nous place, tout comme nos concurrents Hewlett-Packard ou Lotus, dans une situation très délicate. Si nous restons les bras croisés, nous serons incapables de pourvoir l'ensemble des postes que le secteur va offrir. À l'horizon 2005, 100 000 postes du secteur informatique pourraient ainsi ne pas trouver preneur. Plus largement, les nouvelles technologies de l'information seraient confrontées, dès 2001, à une pénurie de 520 000 spécialistes dans la seule zone Europe. » La société de Bill Gates s'est ainsi mise à attaquer sur tous les fronts. En France, elle a investi près de 30 millions de francs dans le projet Compétences 2000 initié en mars dernier pour trois ans. Les partenariats avec l'Éducation nationale foisonnent : formation de milliers de formateurs d'instituts universitaires de formation des maîtres et d'aides-éducateurs… Sans « vouloir se substituer » aux enseignants pas toujours ravis de voir une entreprise privée marcher sur leurs plates-bandes, Microsoft, qui s'est imposé comme règle de ne pas « entrer dans l'école », compte sur des professeurs formés et sensibilisés aux besoins du marché pour informer et orienter leurs étudiants.

L'entreprise propose la formation et la certification Microsoft aux jeunes diplômés, mais aussi aux demandeurs d'emploi. Depuis 1997, 270 personnes en recherche d'emploi ont été formées, 76 % ont été certifiées MCP, 300 sont en cours de formation. En l'an 2000, 2000 chômeurs, et parmi eux des informaticiens en reconversion, devraient ainsi obtenir le label. Mais ces certifications s'adressent également, et surtout, aux salariés en activité. Les professionnels de l'informatique, les grands constructeurs, les SSII, mais aussi leurs clients et fournisseurs, sont de plus en plus nombreux à vouloir adapter leurs salariés à l'émergence des nouvelles technologies. Depuis 1992, la certification MCP, qui valide les compétences des professionnels en matière de conception, de développement, de mise en œuvre et de support technique de solutions fondées sur les technologies de Microsoft (Windows NT, Microsoft VisualBasic…), fait référence dans le milieu.

« Ce type de validation a l'avantage d'être reconnu partout dans le monde, note Yann Mazuet, ingénieur commercial à Ib Formation, organisme parisien qui propose les certifications Microsoft, mais aussi Novell et Lotus… D'un point de vue commercial, c'est un gage de confiance pour les clients. »

99 % des certifiés Microsoft trouvent un emploi dans les deux mois suivant leur formation

Microsoft a ainsi mis au point cinq niveaux de certification – dont le MCP SE, mais également le MCP Solution Developer pour les développeurs et le MCP Data-base destiné aux administrateurs de base de données. Pour obtenir la certification, les candidats doivent passer un ou plusieurs examens (sous forme de questions à choix multiples). Libre à eux de valider leurs compétences en tentant directement un examen dans l'un des vingt-trois centres de test en France ou de suivre une formation. En fonction de leur disponibilité, ils peuvent choisir entre les cours traditionnels dispensés par la dizaine de centres de formation technique (les Cetec) agrées Microsoft (Ib Formation, Expert'Ease, École nantaise d'informatique…), l'autoformation grâce à des supports de cours édités par Microsoft ou, enfin, la formation en ligne. À ce jour, 5 000 personnes ont été certifiées en France. Un atout pour les salariés en quête de mobilité et un gage d'insertion pour les jeunes diplômés et les demandeurs d'emploi. Microsoft affirme que, en 1998, 99 % des personnes certifiées ont trouvé un emploi dans les deux mois suivant leur formation. Ces certifications sont pourtant à la recherche d'une entrée dans le monde. « Elles sont reconnues sur le marché, mais elles ne sont pas encore complètement populaires. Aujourd'hui, il n'existe aucune reconnaissance légale de la certification professionnelle. Nous militons pour qu'elle soit validée par une instance nationale », poursuit Vincent Basquin, qui refuse l'idée d'une concurrence ou d'un conflit ouvert avec les diplômes de l'Éducation nationale.

Reste à déterminer la pertinence et la durée de vie de ces certifications très axées sur un produit. Les stagiaires dénoncent le côté bachotage de ces examens. « J'ai réussi une certification VisualBasic sur Excel sans avoir jamais développé une ligne de codes », sourit Fabrice Goulard, chef de projet bureautique au conseil régional de Picardie. L'informaticien qui passe la certification MCP SE salue tout de même la qualité des cours dispensés par le centre de formation agréé. Mais, à terme, il sait que certaines certifications sont périssables. « On se forme sur un serveur à un instant t. Mais Windows 2000 va sortir. Et même s'il ne sera pas nécessaire de repasser l'ensemble des examens, il faudra bien réactualiser trois ou quatre modules. Question de marketing… » La formation reste une activité lucrative. Et Microsoft n'oublie jamais le business.