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Un pétrolier pour piloter le social de PSA

Acteurs | publié le : 01.04.1999 | Thierry Roland

Coïncidence ? Au moment même où les syndicats, hormis la CGT, paraphaient début mars un accord sur les 35 heures au terme de plusieurs mois de négociations difficiles, Jean-Martin Folz, le PDG de PSA, annonçait qu'il avait enfin trouvé « son » DRH. Cet homme providentiel, c'est Jean-Luc Vergne, 50 ans, qui occupait les mêmes fonctions chez Elf Aquitaine.

Il fera son entrée chez PSA à la fin du mois, en intégrant d'emblée le comité exécutif. Mais il devra toutefois patienter jusqu'au 1er janvier 2000 avant de remplacer officiellement Jean-Louis Silvant, qui a piloté toutes les négociations sur les 35 heures avec une double casquette de directeur industriel et de directeur des ressources humaines. Car même aux plus hautes fonctions, on ne devient pas « opérationnel » tout de suite dans le groupe PSA. Les prises de contact et la connaissance du terrain sont jugées indispensables, et Jean-Martin Folz lui-même n'a pas échappé à un « tour de chauffe » prolongé avant de prendre la succession de Jacques Calvet, en octobre 1997.

À son poste de DRH, Jean-Luc Vergne coiffera Jean-Claude Milcent, un collaborateur précieux en raison de sa parfaite connaissance du groupe qu'il a rejoint en 1979 au poste de directeur des relations sociales d'Automobiles Peugeot. Milcent vient en effet de se voir confier la direction des relations sociales du groupe. Il récupère donc les contacts avec les syndicats, jusqu'alors domaine réservé de Jean-Pierre Gouteyron, qui a quitté l'entreprise.

Titulaire d'une maîtrise de droit et de sociologie décrochée à Bordeaux, sa ville natale, Vergne a accompli la totalité de son parcours professionnel au sein d'Elf Aquitaine. Il y entre en mai 1973 en intégrant le laboratoire pharmaceutique Labaz, qui allait devenir l'embryon de Sanofi, pôle pharmacie et santé d'Elf. Il a donc beaucoup à apprendre sur le secteur automobile en général, et sur PSA en particulier, même si les deux domaines que sont la production de carburant et la voiture ne sont pas totalement étrangers l'un à l'autre.

Une vraie remise en cause

« Il est clair que ce poste signifie pour moi un nouvel environnement, de nouveaux produits, un nouveau challenge et une sérieuse remise en cause personnelle. D'où son intérêt », commente Jean-Luc Vergne. Cela dit, il ne cache pas avoir « longuement réfléchi » avant de prendre la décision de quitter le groupe pétrolier, après un parcours de vingt-six ans riche en opportunités et en rebondissements, qui l'a mené jusqu'à la direction des ressources humaines d'Elf après avoir assuré pendant cinq ans celle de Sanofi. Ce qui l'a décidé ? « Un intérêt prononcé pour ce que Jean-Martin Folz est en train de faire chez PSA », qui vient s'ajouter à l'attrait de la nouveauté.

Depuis un an et demi, c'est une véritable révolution qui se déroule avenue de la Grande-Armée et dans les sites industriels du constructeur français. Et l'une des composantes essentielles est sans aucun doute la gestion des ressources humaines. Début 1998, Folz a en effet décidé de mettre fin à l'organisation en deux sociétés autonomes et jalouses de leurs prérogatives (Peugeot et Citroën), une fiction entretenue pendant quinze ans par Jacques Calvet. Le constructeur automobile, qui avait trois directions des ressources humaines (une pour Peugeot, une pour Citroën et une autre pour la holding PSA), n'en a donc plus qu'une, et l'harmonisation des statuts a été parachevée au début de cette année en rassemblant l'ensemble des personnels dans une société commune, baptisée PCA (Peugeot Citroën Automobiles). Cette dénomination ne désigne qu'un « toit juridique » créé pour la circonstance et n'a pas vocation à devenir la raison sociale du groupe, qui reste PSA Peugeot Citroën.

S'il a géré beaucoup de reconversions et de fermetures de sites au cours de son périple chez Elf, Vergne espère que son nouvel employeur lui confiera d'autres missions. Ce père de deux enfants, amateur de sport et de peinture, s'est forgé quelques convictions bien ancrées : « Les outils indispensables d'un DRH sont le travail, l'écoute, la faculté de prendre clairement position et celle de faire sans cesse le lien entre l'économique, le stratégique et le social. En outre, pour réussir, il faut aimer les hommes. » Un programme auquel Jean-Martin Folz a souscrit sans hésiter.

Auteur

  • Thierry Roland