Des méthodes de travail aux mentalités des cadres et des employés, en passant par un nouvel aménagement des locaux, tout a été repensé au sein du groupe de bancassurance néerlandais SNS Reaal pour encourager le télétravail. Ces initiatives volontaristes font partie d'un programme interne intitulé «Le nouveau monde du travail» (Het nieuwe werken) qui flexibilise aussi le choix des horaires et des lieux de travail. Pour l'heure, déployé depuis septembre 2009 dans le cadre d'une opération pilote, il ne concerne que 560 salariés sur les 7 500 que compte le groupe aux Pays-Bas. Mais l'initiative n'a pas échappé aux institutions qui militent pour le télétravail, dans un pays où la congestion du trafic routier autour des plus grandes villes et la pollution qu'elle génère est un enjeu national. Het new werken a ainsi reçu en décembre dernier le prix annuel du télétravail, remis par la fondation TelewerkForum, notamment parce qu'il intègre des paramètres comportementaux.

« A part les réceptionnistes, les salariés des services de nettoyage et de restauration, tout collaborateur peut choisir de travailler chez soi. Mais un salarié dont le conjoint reste à la maison avec trois enfants, a aussi le droit de préférer venir travailler au calme au bureau », explique Manja JongsmaLievaart, directrice des nouvelles méthodes de travail de SNS Reaal. Chaque télétravailleur reçoit 10 euros par jour pour couvrir ses frais (énergie, nettoyage...). Un budget de 600 euros lui est aussi versé tous les cinq ans afin de mettre son « lieu de travail à la maison » en conformité avec la législation sur la sécurité des locaux.

De leur côté, les cadres ont aussi modifié leur comportement. « Du fait de la distance, il doit s'établir une relation de confiance entre la hiérarchie et les salariés pour s'assurer que les objectifs de résultats seront atteints », relève Manja JongsmaLievaart. En outre, il apparaît que le télétravail permet de diminuer les niveaux hiérarchiques, ce qui facilite les rapports entre les différents degrés de management.

De fait, cette organisation a changé les relations entre salariés et leur rapport au travail. « On a observé un glissement entre la répartition des tâches effectuées à la maison et au bureau, qui devient un réel endroit de cohésion sociale », explique la directrice. Par ailleurs, les moyens technologiques actuels permettent d'organiser des réunions à distance, ce qui diminue le handicap de l'éloignement. « Il n'est pas rare qu'une crise de rigolade se produise lors d'une vidéoconférence », précise-t-elle pour souligner le caractère humain de ces nouvelles relations professionnelles.

Mais l'essentiel de la réorganisation a concerné le réaménagement des lieux de travail. Fini ces petits bureaux attitrés aux allures de cellule. Plus personne n'a «son» bureau, même pas les directeurs. Les cloisons ont sauté pour donner place à des plateaux paysagers, à des lieux de réunion autour de tables conviviales et à des espaces confortables où l'on peut consulter la presse. « Ce nouvel agencement facilite les contacts entre les différents services de l'entreprise. Le coin café est devenu un lieu d'échanges », analyse la responsable de SNS Reaal.

L'opération comprend aussi un volet financier non négligeable, avec les économies que compte réaliser la banque après avoir dépensé 70 millions d'euros pour mettre en oeuvre cette stratégie. Outre la productivité de l'employé qui augmente, elle calcule que ses coûts au mètre carré vont baisser de 40 % grâce au télétravail. « Alors qu'il fallait auparavant un poste de travail pour chaque salarié, dans l'avenir, il n'en faudra plus que 60 pour 100 collaborateurs », anticipe-t-on chez SNS Reaal. Le dispositif pilote pour lequel les partenaires sociaux consultés en CE ont donné leur accord va être étendu, la définition des conditions de travail particulières à cette forme d'activité à domicile devant être abordée dans la prochaine renégociation de la convention collective de SNS Reaal.