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Les pratiques

La Librairie tourne la page

Les pratiques | publié le : 27.04.2010 |

A l'occasion d'une refonte totale de sa convention collective, la branche de la librairie se dote d'un copieux cycle de formation pour expliquer les emplois repères, les compétences...

En 2005, la branche Librairie (12 000 salariés répartis dans 2 500 entreprises) a dénoncé la convention collective à laquelle elle était rattachée : la CC n° 1539 des commerces de détail de papeterie, fournitures de bureau, de bureautique et informatique et de librairie, du 15 décembre 1988. « Parce qu'elle ne prenait pas en compte les spécificités de nos emplois, leur diversité (animations, Internet...), les niveaux intermédiaires, les organisations du travail très différentes selon la taille de l'entreprise », expliquent Mathieu de Montchalin, dirigeant de la librairie L'Armitière à Rouen et président de la commission sociale du Syndicat de la librairie française (SLF), et Elisabeth Réaudin, représentant la CFDT. Depuis, les partenaires sociaux ont construit une nouvelle grille de classification des emplois, « pierre angulaire d'une future convention collective », selon Mathieu de Montchalin. Un travail réalisé avec l'aide du cabinet d'ingénierie RH Arcalliance, choisi par les partenaires sociaux.

En septembre 2009, un accord de branche, signé par le SLF, la Fédération française syndicale de la librairie et cinq syndicats de salariés, a validé la mise en oeuvre de cette grille, dont le décret d'extension devrait paraître ce printemps. « Nous avons opté pour une grille à critères classants, moderne et efficace, bien que plus complexe que l'ancienne, poursuit le responsable du SLF. C'est un pari osé pour une branche qui compte beaucoup de TPE. » Chaque entreprise va ainsi pouvoir définir ses emplois à partir des cinq critères retenus (connaissance, compétences techniques, autonomie, responsabilité et relationnel) déclinables chacun en sept degrés classés par ordre croissant. Pour le critère «responsabilité», par exemple, le degré 2 implique une «contribution importante sur une partie d'une spécialité» et le degré 3, un «rôle de conseil sans responsabilité hiérarchique».

21 emplois repères

Pour faciliter la tâche des libraires, 21 «emplois-repères» ont été définis, pour lesquels sont détaillés les missions, la responsabilité hiérarchique, les activités exhaustives, les aptitudes majeures, les principales connaissances, les conditions particulières d'exercice, le profil d'accès (connaissances) et des remarques particulières (organisation spécifique, par exemple).

Pascal Saunier, consultant d'Arcalliance, a travaillé notamment à partir d'un référentiel de compétences élaboré pour les librairies Privat du groupe Bertelsmann, et d'un autre référentiel interne existant chez Decitre. Le DRH de ces librairies, Marc Bourscheidt, estime que « la nouvelle classification va favoriser les mobilités, formaliser les recrutements et aider à définir les besoins en formation ».

Pour faciliter la mise en place de ces nouveaux emplois repères, Arcalliance a élaboré un guide et animera jusqu'en juillet 50 séances de formation d'une journée. Organisées dans toute la France, elles sont ouvertes aux dirigeants, DRH et représentants - élus ou non - des salariés. Les associations régionales du livre, dont les animateurs chargés de l'économie du livre ont déjà suivi la formation, se chargent de la logistique.

Ce dispositif, dont le cahier des charges a aussi été validé paritairement, il coûte 80 000 euros et est financé au titre des actions collectives de la branche par Agefos-PME. L'Agefice pourrait également intervenir pour les dirigeants non salariés. Certains employeurs, comme Decitre, envisagent même de faire former leurs RRH adjoints et cadres par Arcalliance, sur leur plan de formation.

La construction de la nouvelle convention collective aborde d'autres sujets : « Trois négociations salariales ont eu lieu en un an », apprécie Elisabeth Réaudin ; un appel d'offres va être lancé sur la prévoyance, et des négociations sont en cours sur l'égalité hommes-femmes ou la durée du travail.

Construire la formation continue

Mais Mathieu de Montchalin souligne l'enjeu de la formation : « Il faut reconnaître les formations initiales dans la classification des métiers et construire la formation continue. De nombreux libraires vont partir en retraite, il faut donc faire évoluer des salariés, repreneurs potentiels. Quant aux autres, il faut éviter qu'ils ne partent vers d'autres branches, l'édition ou la grande distribution... » L'objectif est de signer sur l'ensemble de ces sujets avant la fin 2010.