Le patron a aussi une vie personnelle, c'est-à-dire souvent une femme et des enfants. Tout ce petit monde prend ses repas et cohabite au moins quelques heures par semaine. Qui assume la charge de quoi à la maison ? Voilà la question que l'Observatoire sur la responsabilité sociétale des entreprises (Orse) a posée à dix patrons de grandes entreprises. Si, au terme de ces entretiens, la question des tâches domestiques reste un peu dans l'ombre, chacun de ces dirigeants explique qu'il a à coeur d'être un bon père pour ses enfants. Qui en les conduisant tous les jours à l'école, tel autre en partageant avec eux des activités sportives ou musicales, en ne loupant jamais une réunion de parents d'élèves ou en épluchant les livrets scolaires. Tout se complique lorsqu'on aborde l'épineuse question de la mobilité. Les patrons reconnaissent que celle-ci, ainsi que leurs horaires surchargés, chahutent leur vie de famille et que leurs femmes ont souvent dû faire une croix sur leur carrière. Tendre ainsi le micro aux patrons est, certes, original, car on imagine encore assez mal que sous le costume trois-pièces se dissimule un coeur de père attentif. Et cela a du sens de le dire : autoriser le big boss à avouer son intimité familiale, c'est bien sûr quelque part déculpabiliser les femmes de devoir si souvent arbitrer entre leur rôle de mère et leur vie professionnelle. Cela n'en présente pas moins un petit air de « circulez, il n'y a rien à voir ». On aurait bien aimé avoir en contrepoint les points de vue des épouses et des enfants qu'on imagine mais qu'on ne voit pas. P. R