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Les pratiques

Grande-Bretagne Malade mais apte, avec la «fit note»

Les pratiques | publié le : 20.04.2010 |

Depuis le 6 avril, l'arrêt de travail ou sick note, a été remplacé par une fit note, permettant de travailler sous certaines conditions. L'initiative devrait assurer une économie de 240 millions de livres au cours des dix prochaines années.

Le paysage des arrêts de travail subit, depuis le 6 avril, une petite révolution Outre-manche. Les fameuses sick notes, ou arrêts de travail pour congé maladie, ont été remplacées par des fit notes, autrement dit, des documents statuant sur la capacité d'un salarié à effectuer au sein de son entreprise des tâches adaptées à son état de santé.

Réduire le coût de l'absentéisme

La mesure n'a pas qu'une vertu philosophique : les experts ont estimé que cette initiative devrait permettre 240 millions de livres d'économies au cours des dix prochaines années. A l'heure actuelle, le coût de l'absentéisme au travail pour cause de maladie atteindrait quelque 100 milliards de livres par an au Royaume-Uni.

« Nous savons que l'absentéisme pour des raisons de santé est économiquement et socialement dommageable et rend les personnes plus à même de dériver dans l'exclusion et la pauvreté, a indiqué le ministre de la Santé Ben Bradshaw à l'occasion du lancement de cette initiative. Permettre aux salariés de retrouver le chemin de leur travail plus rapidement est aussi bon pour leur santé que pour les finances du pays. »

Mais ce changement ne fait pas que des heureux. Si certains salariés y voient un remède possible à leur statut de malades chroniques, les GP - general practitioners -, ou médecins généralistes, ont émis quelques réserves : l'introduction de cette nouvelle note devrait ainsi leur permettre non seulement de dire si un salarié est apte au travail ou pas, mais aussi de suggérer aux employeurs un certain nombre d'alternatives aux fonctions précédemment occupées par le salarié souffrant.

Inquiétude des médecins généralistes

Ces préconisations peuvent ainsi passer par une diminution du temps de travail, un retour progressif sur le lieu de travail ou encore des adaptations. Or, dans une étude réalisée il y a un an auprès de 452 médecins généralistes par Londonwide LMC's, une organisation professionnelle regroupant les GP dans la capitale britannique, 86 % avouaient leur inquiétude quant à la mise en place de ce dispositif. La raison principale étant liée à leur absence notable de connaissances préalables sur le monde de l'entreprise et son organisation.

Un sondage auprès des employeurs, réalisé au même moment au sein de l'Institute for Employment Studies, relevait aussi des préoccupations quant à la mise en oeuvre de solutions adaptées à ces «nouveaux» malades. Mais une grande majorité des dirigeants d'entreprise appréciaient néanmoins le changement d'approche induit par la fit note, et sa concentration sur les tâches susceptibles d'être accomplies par les salariés malades, plutôt que sur ce qu'ils n'étaient pas en mesure de réaliser.

Retour sur investissement

L'introduction de cette fit note s'est également accompagnée d'un rapport très détaillé, réalisé par PricewaterhouseCoopers, soulignant que les programmes de bien-être sur le lieu de travail avaient une pertinence financière. Le rapport citait ainsi de nombreux exemples où les employeurs avaient constaté des retours de 2,30 à 10 livres pour chaque livre investie.

Reste qu'à l'aube de l'introduction de la fit note, bon nombre de patrons britanniques en ignoraient tout ou presque : un sondage réalisé par l'assureur Aviva indiquait que deux tiers des employeurs sondés n'avaient aucune connaissance, ou très peu, des changements qui allaient les affecter.