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« Le recrutement en banlieue ne s'est pas banalisé »

Enquête | L'entretien avec | publié le : 20.04.2010 |

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« Le recrutement en banlieue ne s'est pas banalisé »

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E & C : Quel bilan tirez-vous des initiatives des entreprises en vue de recruter en banlieues ?

A. D. : Il est assez difficile de tirer un bilan, du fait de l'interdiction de manipuler certaines statistiques. Disons que le bilan qualitatif est bon. Les outils à la disposition des entreprises se sont multipliés : CV anonyme, formations en interne contre les discriminations... Certaines opérations, comme «100 chances, 100 emplois», par exemple, permettent à plusieurs acteurs de travailler ensemble. Cela a créé une dynamique avec, à la clé, l'embauche de jeunes.

Le problème, c'est le volume. D'énormes moyens sont dépensés pour n'embaucher finalement que quelques jeunes. Malgré l'urgence de la situation, que l'actualité nous rappelle chaque jour, le recrutement en banlieue ne s'est pas banalisé.

E & C : L'image des entreprises auprès des jeunes s'est-elle tout de même améliorée ?

A. D. : Il y a encore du travail, car si le fossé est déjà large entre l'économie et la société française en général, il l'est encore davantage dans les banlieues. L'image que peuvent donner la cinquantaine d'entreprises dont j'ai relevé les initiatives en banlieue dans mon livre ne fait pas le poids face à celle d'un «Conti» à qui l'employeur propose un reclassement à l'étranger pour un salaire ridicule.

E & C : Quelle est la responsabilité des entreprises dans la situation de l'emploi en banlieues ?

A. D. : Tout n'est pas de leur faute, bien sûr. En amont, se pose par exemple la question de l'aide aux devoirs, de l'orientation, des formations qui ne mènent qu'à des voies de garage. On ne peut pas, non plus, accuser les entreprises de discriminer un jeune qui a complètement décroché.

En revanche, le diplômé à bac + 2 qui n'est pas recruté sous prétexte qu'il vient de Bondy, avec, ensuite, tous les dégâts collatéraux sur sa soeur ou sur son frère, ça, c'est de la responsabilité de l'entreprise.

* Avec IMS-Entreprendre pour la Cité, Autrement, 2008. A paraître : Bondy, collection «Villes en mouvement», Autrement, automne 2010.

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