Fournir une formation et une embauche en CDI à temps plein à des jeunes dépourvus de qualifications et d'expériences et issus des quartiers, c'est le but du Projet Jeunes mené pour la troisième année consécutive par Zara France. « Dès que cette idée a été évoquée par le directeur général, j'ai tout de suite souhaité m'associer à ce projet », explique Michel Parras, délégué syndical de FO.

« Nous recrutons des candidats que personne d'autre ne prendrait », souligne Jean-Jacques Salaün, directeur général d'Inditex France (le groupe auquel appartient Zara France). Selon lui, ce n'est pas un manque de candidats qui l'a incité à élargir son sourcing mais bien une prise de conscience de la responsabilité sociale de Zara à la suite des émeutes de 2005, renforcée par le constat que ses salariés venant de ces quartiers sont restés remarquablement ponctuels malgré les événements dramatiques.

Le Projet Jeunes comporte plusieurs volets. Pendant deux semaines, les quinze candidats sélectionnés sont hébergés dans un hôtel de la région parisienne. « A cette étape, le but est avant tout qu'ils apprennent à se connaître eux-mêmes et, en même temps, qu'ils apprennent la vie en collectivité, détaille-t-il. Au cours de cette quinzaine, ils participent à plusieurs séances de théâtre en entreprise, à des activités physiques, et à des rencontres d'une demi-journée avec des personnes qui expliquent leur passion - Raymond Domenech, un explorateur... - et prennent le repas avec eux. »

La quinzaine comporte aussi un premier volet de connaissance du métier. La direction et le service des ressources humaines sont partie prenante. « Chaque soir, je fais un bilan d'une heure avec les stagiaires », raconte le directeur général. Michel Parras y participe aussi : « Au cours d'une demi-journée, j'interviens pour expliquer ce qu'est le syndicat, à quoi il sert. »

Les stagiaires sont ensuite envoyés quinze jours dans un magasin où il sont pris en charge par un tuteur. Ils suivent alors une formation d'une semaine à la vente et aux produits, au siège. Ils peuvent enfin prendre un poste. Celui-ci se partage entre deux magasins. « Nous avons pensé que, pour permettre à ces jeunes de sortir de la précarité, il fallait qu'ils puissent être embauchés 35 heures, ajoute Jean-Jacques Salaün. Le Projet Jeunes a accéléré notre réflexion sur la manière d'augmenter le nombre de temps plein. » Près de 500 salariés sont désormais à 35 heures sur deux magasins.

Les anciens stagiaires bénéficient d'un suivi pendant six mois. Une assistante sociale les accompagne pour les aider à résoudre les problèmes administratifs ou de logements.

Cinq sessions débouchant à chaque fois sur le recrutement d'une quinzaine de jeunes présélectionnés par les missions locales des arrondissements du Nord-Est parisien (18^e, 19^e, 20^e) ont eu lieu jusqu'à maintenant. La sixième est en cours. Sur les 70 à 75 jeunes recrutés au cours des cinq premières sessions, une cinquantaine étaient encore en poste six mois après leur embauche. « Un tiers n'a pas réussi à respecter les règles de l'entreprise, ils avaient majoritairement des problèmes de retards et d'absences injustifiés », regrette Jean-Jacques Salaün. Ces résultats font des émules à l'échelle du groupe. D'ici à fin 2010, la première session du Projet Jeunes aura lieu en Espagne.

• Activité : habillement.

• Chiffre d'affaires : environ 700 millions d'euros en 2009.

• Effectifs : 4 500 salariés.

• Activité : hôtellerie.

• Effectifs 2009 : 530 salariés

• Chiffre d'affaires : NC.

• Effectifs 2009 : 400 salariés.

• Chiffre d'affaires : NC.