La fin du 20^e siècle fut riche en méthodes et approches nouvelles. Mais depuis... ? Certains évoquent la crise, qui a freiné bien des élans. En fait, des transformations majeures s'opèrent, mais elles ne sont pas très visibles, à l'image de l'iceberg qui ne montre qu'une partie de sa réalité. Pourtant la révolution est en marche...

1. Proximité. Finis les bureaux où l'on passe sa journée et les réunions qui n'en finissent pas. Le manager est résolument proche de ses collaborateurs, même en travail à distance. Il relève ses manches, avance côte à côte avec eux sans pour autant se substituer à eux. Il connaît l'activité de chacun, il coache les personnes pour développer leur raisonnement professionnel et leurs compétences en situation. La présence terrain lui permet de capter les tendances, de partager les expériences, de percevoir les signaux faibles et donc de décider avec ses équipes de façon plus appropriée.

Cette proximité nécessite un savoir-être : écouter, observer, s'impliquer sans compter ses efforts, respecter les faits au lieu d'imposer sa lecture des choses, être responsable sans être supérieur. Un chemin de simplicité et d'humilité, en fait.

2. Méthodes participatives. Comme le futur est difficile à percevoir, mieux vaut mettre l'intelligence collective à contribution. Aujourd'hui, aucune personne ne peut plus prétendre capter seule une réalité, même si elle est entourée d'experts. Tous les collaborateurs et managers au contact du client, ceux qui suivent les enquêtes terrain, ceux qui observent la concurrence ou les tendances ont quelque chose à dire. La valeur de la participation est irremplaçable pour la résolution de problèmes et la prise de décision en situation complexe.

Le savoir-être correspondant consiste à faire confiance, à l'intérieur d'un cadre explicité. Oser faire le pari de la cocréation sans se sentir menacé ni reprendre la main. Il n'y a plus un sachant et des exécutants mais une équipe qui avance.

3. Pouvoir partagé. C'est là que réside sans doute la plus grande révolution. Les clients donnent leur avis sur les produits et la marque, les utilisateurs partagent leurs pratiques sur des blogs, les collaborateurs échangent les nouvelles entre eux bien avant les annonces officielles ; que devient le rôle du manager s'il n'est plus défini par le pouvoir hiérarchique ou la détention de l'information ? Il partage son influence avec de nombreux acteurs. Il dialogue avec eux, construit sur leurs apports, anime des communautés, arbitre parfois, redonne du sens. Le co-leadership n'est pas simple, c'est un territoire encore peu cartographié. On sait pourtant qu'il est vital pour le renouveau du 21^e siècle.

Le savoir-être correspondant est exigeant : avoir dépassé le besoin de reconnaissance ou de positionnement, être au service des autres et de la production collective (le servant leadership), adopter l'esprit open source dans lequel le plaisir de créer ensemble une solution meilleure l'emporte sur l'envie de mettre son nom sur le résultat.

Meryem Le Saget est conseil en entreprise à Paris. < www.lesaget.com >