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Les pratiques

Le laboratoire rhônalpin de l'innovation sociale fête ses 20 ans

Les pratiques | Retour sur... | publié le : 13.04.2010 |

L'Agence Rhône-Alpes pour la valorisation de l'innovation sociale et l'amélioration des conditions de travail (Aravis) fêtera en juin son vingtième anniversaire. En 1999, son image de spécialiste de la réduction du temps de travail avait failli entraîner sa perte.

Se donner pour sigle un nom de massif alpin impose une hauteur de vue. C'est ce que revendique Aravis, l'une des toutes premières structures d'appui aux ressources humaines entrées dans le réseau de l'Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail (Anact). L'Agence Rhône-Alpes pour la valorisation de l'innovation sociale et l'amélioration des conditions de travail fêtera en juin son vingtième anniversaire. Ses membres se souviendront alors qu'à sa création, le ministre du Travail, Jean-Pierre Soisson, avait appelé le pays à la « modernisation négociée ». Qu'il avait, pour cela, fait nettement augmenter le budget de l'Anact et les crédits du Fonds pour l'amélioration des conditions de travail, créant aussi une dotation de 5 millions de francs pour les innovations sociales. L'Anact et ses autres satellites, les Aract, allaient s'appuyer sur le principe du dialogue social pour mener chacune de leurs interventions : sur la gestion des âges, l'absentéisme, ou la prévention des TMS.

Aravis a hérité de cette philosophie, d'autant qu'elle a été créée à l'initiative des partenaires sociaux de la région, depuis qu'un rapport de prospective régionale avait préconisé, fin 1988, la création d'une structure d'innovation en faveur des PMI. Structure impulsée après qu'un chargé de mission de la préfecture, issu du Céreq, Michel Weill leur en a soumis le projet. Il en a été le directeur durant dix ans, avant de rejoindre l'Anact.

Pionniers du paritarisme

Cette proximité avec l'institution amirale a longtemps été discutée. Le syndicaliste FO Gérard Clément, premier président d'Aravis, garde ses distances : « Nous avons été des pionniers du paritarisme d'action. Nous tenions mordicus à ce qu'Aravis soit gérée directement par les partenaires sociaux. » La CGPME n'en fait alors pas partie. La CGT non plus. Sauf qu'aujourd'hui, c'est une élue CGT, Lise Bouveret, qui en est la présidente.

La structure compte 22 salariés (dont 15 consultants) contre 5 à l'origine, et dispose d'un budget de 2,4 millions d'euros surtout alimenté par la Direccte, la région et l'Anact.

Selon le directeur, Laurent Balas, 120 entreprises sont suivies gratuitement chaque année, l'association ne facturant que 100 heures d'intervention, en cas de surplus d'accompagnement. A ses débuts, Aravis a d'emblée assuré des diagnostics courts d'une demi-journée à trois jours, sur demande du chef d'entreprise. Et lancé des petits déjeuners ouverts aux dirigeants, consultants, médecins du travail et IRP pour « donner à penser sans donner de leçons. »

Partager le temps de travail

En 1992, les orientations d'Aravis prennent un tour inattendu. Gérard Clément raconte qu'à la veille de Noël, le président du conseil régional, Charles Millon, invite les Verts à voter un amendement sur le partage du temps de travail dans les entreprises, imaginant de le réduire jusqu'à 32 heures hebdomadaires. Résultat : Aravis va accompagner plus de 200 entreprises sur ce sujet, la région promettant des aides directes pour les emplois créés. « Nous avons été en avance de huit mois sur les lois de Robien », s'amuse Gérard Clément.

Cette image de spécialiste ès temps de travail occulte provisoirement ses autres travaux sur l'organisation, l'emploi et les conditions de travail. Aravis perd sa subvention régionale en avril 1999, en pleine réforme des 35 heures. Faisant les frais de l'épisode politique de l'alliance de Charles Millon avec le Front national, Aravis a été perçue comme une officine socialiste et cédétiste servant à appliquer la loi Aubry. Ce dont se défend, rétrospectivement, Laurent Balas, le directeur d'Aravis : « Nous avons toujours porté notre réflexion sur l'organisation du temps de travail, non sur sa réduction. » L'association a alors compté ses soutiens. Et a pu compenser le trou de près de 30 % de son budget, grâce à un surcroît de commandes de l'Etat et de l'Anact, ainsi qu'à l'appui financier des Opca Agefos et Opcalia.

Son équilibre économique est à nouveau évoqué. « La réforme des collectivités nous concerne directement, poursuit Laurent Balas. L'Etat manque de moyens et la région nous fait savoir qu'elle ne peut s'y substituer. »

Répondre aux besoins de sécurisation des parcours

« Les études de notoriété montrent aussi que nous sommes insuffisamment connus des entreprises, alors que la force d'Aravis est d'être le relais des tendances sociales fortes » commente, de son côté, Lionel Montero, vice-président (Medef), par ailleurs dirigeant du Groupe MGL. Son prochain défi, selon lui, sera de répondre aux enjeux de mobilité et, localement, aux besoins de sécurisation des parcours, malgré les phénomènes de temps partiel et de recul des départs à la retraite. Un sujet parmi d'autres. Aravis s'est récemment tourné vers le cabinet Futuribles pour réinventer ses marges de manoeuvre à vingt ans.