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Les pratiques

Allemagne Deutsche Telekom, à la pointe du combat pour l'égalité des chances

Les pratiques | publié le : 13.04.2010 |

L'opérateur téléphonique allemand a fait sensation en annonçant, le 15 mars dernier, l'introduction d'ici à 2015 d'un quota de 30 % de femmes pour son encadrement dans le monde entier. La plupart des grandes entreprises allemandes refusent pour l'heure de suivre cet exemple.

Dans un pays connu pour ses réticences envers l'introduction de quotas de femmes dans les entreprises, la nouvelle a fait l'effet d'une petite révolution. Le 15 mars 2010, René Obermann, Pdg de Deutsche Telekom AG (DT AG), premier opérateur européen de télécommunications, et Thomas Sattelberger, son DRH, annonçaient la mise en place, d'ici à la fin 2015, d'un quota de 30 % de femmes à tous les niveaux de l'encadrement du groupe, en Allemagne et à l'étranger. L'opérateur est ainsi la première entreprise du Dax, l'indice boursier de Francfort, à oser franchir ce pas. Concrètement, DT a l'intention de soumettre à cet objectif l'ensemble de ses programmes de recrutement et de formation interne pour les cadres. L'entreprise compte également augmenter son offre en crèches d'entreprise et étendre ses modèles d'aménagement du temps de travail et notamment de temps partiel pour le management. Pour le DRH, l'introduction de ce quota repose d'abord sur un constat d'échec : « La politique d'aide aux femmes, que nous menons depuis des années, était certes bien intentionnée, mais comme dans toutes les grandes entreprises, elle est restée sans résultats. (....). » A l'heure actuelle, 13 % des postes de management chez DT sont détenus par des femmes. Mais, parmi les 60 «top managers», seuls deux sont des femmes et tous les membres du directoire sont des hommes. Le conseil de surveillance de DT compte trois femmes, mais elles sont toutes des représentantes du personnel. Or 32 % des effectifs globaux de l'entreprise sont féminins.

Un enjeu d'ordre économique

Pour DT, l'enjeu d'un tel quota est avant tout d'ordre économique. Car, face à la pénurie croissante de main-d'oeuvre qualifiée et au vieillissement de la population, le combat pour les meilleurs talents a déjà débuté outre-Rhin. Et l'entreprise en pleine restructuration entend, par ce biais, se présenter comme l'un des employeurs les plus attractifs et rehausser, au passage, son image de marque entachée, ces dernières années, par différents scandales d'espionnage de données.

Il n'est pas sûr que l'initiative fasse école. Selon une enquête menée par le Financial Times Deutschland, si la majorité des grandes entreprises ont mis en place des politiques de promotion des femmes, aucune d'entre elles ne semble, à l'heure actuelle, disposée à introduire un quota de femmes.

Les groupes Daimler et E.ON sont les seuls à s'être fixé des objectifs chiffrés sur le taux de cadres supérieurs féminins à atteindre dans un délai donné, soit 10 % d'ici à 2012, contre 6 % actuellement chez E.ON, et 20 % d'ici à 2020, contre 8 % aujourd'hui pour Daimler. « L'attribution des postes résulte exclusivement des compétences personnelles et professionnelles du candidat », précise, de son côté, un porte-parole du fabricant d'articles de sport Adidas.

Non à l'imposition d'un quota national

A l'heure actuelle, seuls 2,5 % des membres des directoires des 200 plus grandes entreprises allemandes sont des femmes. Au sein des conseils de surveillance, cette proportion s'élève à près de 10 %, mais la plupart de ces femmes sont, comme chez DT, des représentantes des salariés.

Et cette situation ne devrait guère évoluer de sitôt. Car, tout en saluant l'initiative de DT, Kristina Schröder, ministre de la Famille et des Femmes, a expliqué que l'imposition d'un quota national, comme en Norvège ou aux Pays-Bas, n'était, pour elle, que « l'ultime recours ». Le gouvernement souhaite ainsi, dans un premier temps, renforcer l'obligation de rendre compte des entreprises, qui devront préciser « combien de femmes elles emploient, à quel niveau et comment elles évoluent ».