«Immédiateté, proactivité, réactivité, l'utilisation des réseaux sociaux a incontestablement modifié notre manière de recruter », explique Marie Ferrer, responsable recrutement chez Yahoo France, la filiale du géant américain du web. « Nous avons ainsi récemment recruté une responsable communication grâce à Twitter, poursuit-elle. Notre directeur de la communication, Christophe Pelletier, avait posté un «tweet» révélant que nous recherchions ce type de profil. La personne en question faisait partie d'un de nos 400 «followers» (abonnés aux messages). Nous l'avons identifiée par ce biais. Ensuite, le process de recrutement classique est intervenu. » LinkedIn, Viadeo, Facebook et donc Twitter, le dernier réseau social «tendance» : le service recrutement de Yahoo France n'a guère tardé à intégrer la dimension 2.0 dans son arsenal de détection et de sélection des candidats.

Principal réseau professionnel en ligne utilisé aux Etats-Unis et en Europe par le groupe, LinkedIn permet, depuis un an, aux recruteurs maison de lancer des recherches et de mettre en ligne des profils de poste. « Au niveau européen, nous effectuons un grand nombre de sourcings de CV. Au total, 15 % à 20 % de nos recrutements sont effectués grâce aux réseaux sociaux », précise Marie Ferrer. Pour la France (mais aussi pour l'Italie et l'Espagne), le service de recrutement de Yahoo a investi, depuis l'an dernier, le réseau professionnel Viadeo, à travers le compte personnel de cette dernière. « Mon compte est en permanence actualisé et alimenté par des informations de l'entreprise ainsi que par des offres d'emploi. Je suis donc régulièrement sollicitée par les candidats. De mon côté, je consulte les profils qui intéressent potentiellement l'entreprise. »

Si l'interactivité et la facilité d'approche du 2.0 relèvent sans nul doute d'une logique gagnant-gagnant entre le recruteur et le candidat, attention, en revanche, à ce qui ressemble bien souvent à un décalage spatio-temporel. « La logique d'Internet relève de l'immédiateté. Certains candidats estiment naturels, voire exigent, qu'on leur réponde de façon simultanée, note la responsable recrutement. Or, le processus de traitement d'une candidature est long. Il y a quelques mois, une candidate m'a adressé un message incendiaire, trois jours seulement après m'avoir contactée, car je ne lui avais pas encore répondu. »

Quid de Facebook, le réseau social de la convivialité, qui compte déjà 15 millions de membres en France ? « A titre personnel, je ne l'utilise pas pour le recrutement et je refuse systématiquement les invitations des candidats, explique-t-elle. Je me sers plutôt de Twitter pour diffuser les postes à pourvoir. En revanche, au niveau européen, le compte Facebook «Yahoo ! Europe- Jobs !!», relaie à la fois les actualités du groupe ainsi que les postes à pourvoir. Son contenu est lié à un compte Twitter. »

L'irruption des réseaux sociaux dans les processus de recrutement du groupe américain est-il susceptible de modifier le rapport aux outils traditionnels ? « Nous commençons déjà à diffuser moins d'annonces à travers les sites de recrutement classiques et nous ferons certainement moins appel aux chasseurs de têtes à l'avenir », souligne Marie Ferrer, qui précise par ailleurs que « si, dans le secteur de la communication notamment, il est relativement facile de «piocher» dans les réseaux sociaux, cela nous semble moins approprié pour une population spécifique comme les commerciaux, pour laquelle nous activons d'autres réseaux. » Si le fait de posséder, côté candidat, un profil virtuel régulièrement actualisé à travers les réseaux sociaux professionnels représente un atout non négligeable, il n'en demeure pas moins que, dixit Marie Ferrer, « le choix final dépendra - toujours - des compétences clés et de la motivation de l'intérressé(e) ».

• Activité : services sur Internet.

• Effectifs : 14 000 personnes environ, dont 200 en France.

• Chiffre d'affaires 2009 : NC.