Avec un taux de 10 % d'actifs au chômage, la recherche d'emploi est forcément un parcours du combattant. Tout le monde connaît les conditions qui rendent cette recherche plus laborieuse encore : l'âge, le manque d'expérience, certains secteurs d'activité sinistrés... Tout cela est déprimant, mais reste rationnel. Là où les choses ne le sont plus - ou plutôt lorsqu'elles mettent en oeuvre une rationalité qui n'a plus rien à voir avec le fait de rechercher la personne la plus compétente pour le poste -, c'est quand cette rareté de l'offre d'emploi ouvre la porte à des pratiques de recrutement très contestables.

Entre le recruteur qui profite de l'entretien pour draguer ou l'entreprise qui, sous prétexte de tester le candidat, commence par le faire travailler gratuitement pour un poste qui, au final, n'existe pas, les pratiques d'embauche se suivent et, malheureusement, se ressemblent trop souvent en ce qui concerne le manque de transparence.

Après plus de deux cents entretiens en un an et demi de recherche active d'emploi et des centaines d'échanges téléphoniques avec des consultants et des employeurs potentiels, Martine Le Gall, à la recherche d'un poste dans la finance internationale, a éprouvé le besoin de faire le point. Le tableau qu'elle dresse du recrutement en France est sévère. Son but n'est cependant pas d'incriminer tel ou tel, mais de décrire un système pervers pour le candidat. Celui-ci est tellement malmené qu'il finit par perdre toute confiance en lui. Mais le système est également pervers pour les employeurs, qui passent parfois à côté de la bonne personne du fait de méthodes de recrutement inadéquates.

Francis Ginsbourger est économiste du travail et chercheur au Centre de gestion scientifique de Mines ParisTech.