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Les pratiques

Etats-Unis Seconde catastrophe du 11-Septembre : les maladies professionnelles

Les pratiques | publié le : 30.03.2010 |

Un fonds de 657,5 millions de dollars est créé, pour indemniser les malades de «ground zero», policiers, pompiers, ouvriers du bâtiment. Des questions demeurent sur l'évaluation de la dangerosité du travail dans les décombres du World Trade Center.

Un fonds de 657,5 millions de dollars sera consacré aux victimes de maladies professionnelles de l'après-11-Septembre, à New York. Les avocats représentant plus de 10 000 pompiers, policiers, ouvriers qui ont déblayé pendant des mois les décombres du World Trade Center ont fini par s'entendre avec ceux de la ville de New York et des entreprises du bâtiment (AMEC Construction, Bovis Lend Lease, Turner Construction, Tully Construction...), à quelques semaines du début d'un procès concernant les 12 premiers plaignants.

L'accord est encore conditionnel : si 100 % des plaignants l'acceptent, 657,5 millions de dollars leur seront proposés. Si seulement 95 % des intéressés disent oui, la somme sera réduite à 575 millions de dollars.

Un milliard de dollars

L'opération sera financée par l'assureur WTC Captive Insurance, qui dispose de 1 milliard de dollars alloué par le Congrès. Un administrateur indépendant examinera à la loupe chacune des plaintes. Les victimes fourniront la preuve de leur présence sur «ground zero» - le niveau zéro du World Trade Center -, un immense chantier de nettoyage ayant occupé plus de 40 000 personnes pendant des mois, à New York.

L'administrateur décidera du montant octroyé, de quelques milliers de dollars pour des difficultés respiratoires à plus de 1 million pour des cancers, sarcomes, leucémies... Une somme de 23,4 millions de dollars sera aussi provisionnée pour des maladies qui se déclareraient plus tard. Les avocats toucheront 30 % des indemnités de leurs clients.

Joel Shufro, directeur du New York Committee for Occupational Safety and Health (Nycosh), un comité représentant 200 syndicats locaux, spécialiste de la sécurité et de la santé au travail, reste amer. Il regrette les risques pris par les professionnels. « Ils n'étaient pas nécessaires et auraient pu être évités si la ville, l'Etat de New York et le gouvernement fédéral avaient appliqué les lois de l'agence Osha [Occupational Safety and Health Administration], accuse-t-il. Des milliers d'ouvriers auraient évité ces problèmes respiratoires et autres maladies qui ont dévasté leurs vies. » Les experts du Nycosh sont prompts à rappeler les négligences qui ont suivi la catastrophe du 11-Septembre. A commencer par cette étrange déclaration des scientifiques de l'EPA (Environemental Protection Agency), qui ont jugé l'air respirable autour du World Trade Center quelques jours après l'événement... sans aller tester l'intérieur des immeubles, qui ne relevait pas de leur responsabilité.

«Ground zero» était rempli de fumée, de vapeur et de poussière d'amiante, de mercure, de silice, de plomb, de fibre de verre, de benzène... Et bien que les agents de l'Osha aient distribué plus de 100 000 masques sur le chantier, les ouvriers ne se sont pas toujours protégés, certains se plaignant de la chaleur, d'autres ne pouvant pas communiquer avec leurs collègues. Au moins 50 % des personnels travaillant à «ground zero» n'ont pas porté de masque.

D'autres victimes

Une étude, réalisée en 2006 par les médecins du centre médical Mount Sinai sur 9 442 personnes, montre que 7 ouvriers sur 10 affichent des problèmes respiratoires. Les docteurs ont diagnostiqué de l'asthme, des pneumonies, des sinusites, de l'apnée du sommeil. Mais aussi des cancers. Joel Shufro craint que le pool de personnes à risques ne soit plus large que celui couvert par l'accord annoncé. Il pense notamment aux femmes de ménage. Et il plaide pour le passage au Congrès d'une loi dite James Zadroga, du nom d'un policier décédé des suites de son travail au World Trade Center. Elle prendrait en charge les autres futurs malades.