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Une «règle des trois tiers» améliorée

Enquête | publié le : 30.03.2010 |

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Une «règle des trois tiers» améliorée

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Une fois l'intéressement calculé, UTB, une coopérative, affecte un tiers de ses résultats à la participation et un tiers à ses réserves. Le dernier tiers alimente le capital de l'entreprise, détenu à 100 % par les salariés associés.

Pdg de la coopérative de production UTB, Charles-Henri Montaut se méfie de ce qu'on appelle couramment la «règle des trois tiers» en matière de partage de la valeur créée. A cette première expression, qu'il juge « contre-productive », il préfère celle de « partage équitable ». Autre manière de dire que la répartition de la valeur en vigueur dans la société qu'il dirige, basée sur une «règle des trois tiers» améliorée, ne saurait s'appliquer partout. « Dans les secteurs à forte intensité capitalistique comme l'automobile ou l'aéronautique, où 1 euro de chiffre d'affaires nécessite 1, voire 2 euros de fonds propres, cette fameuse règle restera inatteignable, explique-t-il. Dans des secteurs de main-d'oeuvre comme le nôtre, où 1 euro de fonds propres suffit à générer 6 à 10 euros de chiffre d'affaires, il se peut qu'elle n'aille pas encore assez loin. »

Depuis l'instauration d'un accord d'intéressement en 1997, la valeur créée par cette coopérative du bâtiment, spécialisée dans les travaux de couverture, de génie climatique et de restauration de monuments historiques, est répartie selon un système de «participation à deux étages». Une fois déterminé le montant de l'intéressement, qui correspond à la moitié du résultat avant impôt dans la limite de 10 % de la rémunération brute, un tiers du résultat restant est affecté à la participation, un tiers aux réserves, le dernier tiers étant capitalisé au sein du plan d'épargne entreprise (PEE).

Lien entre performance et rétribution

« Cette répartition permet d'intéresser les salariés aux résultats sous différentes échelles de temps », précise Charles-Henri Montaut. L'intéressement, versé dès la publication des résultats de l'entreprise, assure le lien immédiat entre performance et rétribution. Bloquée cinq ans sur un compte courant, la participation permet la constitution d'une épargne à moyen terme. Quant aux dividendes qui ne sont pas redistribués, mais transformés en parts sociales et investis sur le PEE, ils allongent encore la durée de l'épargne de quelques années puisque le taux moyen de rotation du capital chez UTB est de huit à dix ans.

Dans cette coopérative fonctionnant sur le modèle d'une société anonyme classique à conseil d'administration, le capital social est, en effet, détenu à 100 % par les salariés associés, soit 40 % des 800 salariés.

Volontaires cooptés

Volontaires cooptés par le conseil d'administration, les sociétaires sont tenus de mettre 2 % de leur rémunération à disposition de l'entreprise. Ils peuvent, en outre, participer dans la limite de 5 000 euros aux augmentations de capital, qui ont lieu chaque année. Leur versement est alors abondé par l'entreprise en fonction de leur ancienneté : 100 % au-delà de quatre ans ; 50 % entre deux et quatre ans ; 25 % en deçà. Pour garantir la stabilité du capital, l'unique occasion de rachat des parts sociales par l'entreprise est la rupture du contrat de travail.

Remboursements des parts sociales

Afin d'éviter des concentrations de capital qui pourraient porter atteinte au principe coopératif «une personne/une voix», UTB procède cependant à des remboursements réguliers de parts sociales, en privilégiant les parts acquises de longue date. Ces remboursements protègent également les salariés des conséquences d'une mauvaise passe économique pour l'entreprise. « En cas de graves difficultés, les salariés d'une coopérative courent le risque de perdre, dans le même temps, leurs économies et leur travail, relève Charles-Henri Montaut. Nous prenons donc garde à ne pas mettre tous nos oeufs dans le même panier. »

Attachement des salariés

Un tel scénario n'est cependant pas à l'ordre du jour chez UTB, qui a multiplié par deux son chiffre d'affaires au cours des six dernières années. Peut-on aller jusqu'à voir dans cette santé économique insolente une conséquence directe du mode de répartition de la valeur en vigueur dans l'entreprise ? Charles-Henri Montaut en est convaincu : « Les observateurs extérieurs sont très souvent surpris de l'implication et de l'attachement des salariés à l'entreprise. »

Juste récompense

Déléguée syndicale CFDT, Cécile Mourot partage cet avis : « Les gens qui entrent chez UTB savent qu'ils seront récompensés à la hauteur de leur investissement personnel. Pour ceux qui choisissent de devenir sociétaires comme pour les autres, c'est extrêmement stimulant. »

La fidélisation des salariés n'est, en outre, pas le moindre avantage du mode de partage institué par UTB : alors que le taux de turn-over est conforme à la moyenne du secteur au cours des deux premières années d'ancienneté (50 %), il frise la nullité au-delà.

UTB

• Activité : bâtiment.

• Effectifs : 800 salariés.

• Chiffre d'affaires 2008 : 119 millions d'euros.