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Un actionnariat salarié ouvert au plus grand nombre

Enquête | publié le : 30.03.2010 |

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Un actionnariat salarié ouvert au plus grand nombre

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Avec plus de huit salariés sur dix détenant 18,3 % du capital du groupe, Bouygues possède le plus fort taux d'actionnaires salariés des sociétés du CAC 40. De quoi réconcilier l'actionnaire et le salarié ?

Dernière des six augmentations de capital réservées aux salariés du groupe, «Bouygues Partage 2» a été souscrite, en novembre dernier, par 72,5 % des salariés éligibles pour un montant de 193 millions d'euros. Source de satisfaction pour le groupe : l'opération a été plébiscitée par plus de la moitié (59 %) des ouvriers du bâtiment, les «compagnons» (contre 76 % des Etam et 87 % des cadres).

« Notre politique d'actionnariat salarié est spécialement pensée pour que les compagnons, qui représentent 50 % des effectifs de Bouygues Construction et 60 % de l'effectif de Colas*, trouvent intérêt à devenir actionnaires du groupe, explique Gérard Bourrigan, directeur de l'épargne salariale. La direction générale de Bouygues entend permettre au plus grand nombre de salariés d'être directement intéressés à la bonne marche de l'entreprise. »

Abondement de 300 %

Contrairement aux premières augmentations de capital organisées dès 1999 et baptisées «Bouygues Confiance», les opérations «Bouygues Partage», dont la première édition a eu lieu en 2007, sont, en effet, créditées d'un abondement de 300 %, soit le prix de souscription de neuf actions, chaque bénéficiaire pouvant se porter acquéreur de trois actions. A l'exception de «Bouygues Partage 2», qui a innové en proposant, en contrepartie d'un blocage de dix années, l'acquisition de cinq actions avec une décote de 30 %, l'ensemble des six augmentations de capital jusqu'à présent consenties par Bouygues a bénéficié d'une décote de 20 % et d'un effet de levier de un à dix. Un salarié ayant acquis trois actions au cours d'une des deux opérations «Bouygues Partage» détiendra donc, au terme des cinq ans, 12 actions ainsi qu'une quote-part de la plus-value réalisée sur les 108 autres actions.

Les opérations d'ores et déjà arrivées à échéance ayant généré de substantielles plus-values (8,5 fois la mise de départ pour la toute première, en 1999), les plus récentes ont parfois été victimes de leur succès. « A l'occasion de «Bouygues Partage», en 2007, la première opération avec abondement, nous aurions atteint les 450 millions d'euros d'augmentation de capital, au lieu de l'objectif fixé de 300 millions, si nous avions pu accepter toutes les demandes », souligne Gérard Bourrigan.

Démocratisation

Heureusement pour les aspirants actionnaires recalés, le renforcement de la politique d'abondement du groupe s'étend au-delà des augmentations de capital : dans une même logique de démocratisation, Bouygues a également boosté, en 2007, sa contribution associée aux versements dans le plan d'épargne groupe (PEG), investi en actions Bouygues. Les deux tranches d'abondement existantes, depuis la création du dispositif en 1990 - 100 % jusqu'à 1 920 euros et 50 % jusqu'à 4 200 euros -, ont, en effet, été complétées par une troisième, qui prévoit 200 % d'abondement pour tout versement jusqu'à 300 euros.

Coussin de sécurité

Chaque salarié versant 4 200 euros dans le PEG peut ainsi prétendre bénéficier d'un abondement maximal de 3 360 euros. Un avantage qui constitue un « important coussin de sécurité par rapport à un particulier qui achèterait 4 200 euros d'actions Bouygues sur le marché », explique Gérard Bourrigan. Contrairement à celles qui sont versées à l'occasion des augmentations de capital, rien ne garantit, en effet, la mise initiale d'un salarié sur le PEG. « Il faudrait cependant une déstabilisation forte du système boursier pour en arriver à voir disparaître son versement de départ, souligne Gérard Bourrigan. Jusqu'à présent, les plus-values réalisées ont toujours été sans commune mesure avec ce que peut rapporter un livret d'épargne. » Dans un souci de diversification, le groupe a cependant renoncé à investir les 5 % de son plan d'épargne retraite collectif (Perco) dans des actions Bouygues, ainsi que la législation l'y autoriserait.

La politique de Bouygues porte incontestablement ses fruits : au 31 décembre 2009, 60 000 salariés sur les 77 000 que compte le groupe en France, soit plus de huit salariés sur 10, détenaient 18,3 % du capital et 23,2 % des droits de vote. Des chiffres qui font de Bouygues la première des sociétés du CAC 40 en termes d'actionnariat salarié.

Performance et rémunérations

Rappelant que, les actions étant gérées par différents fonds communs de placement d'entreprise (FCPE), les salariés ne perçoivent pas directement de dividendes, Bernard Allain, secrétaire général adjoint de FO, syndicat majoritaire au niveau du groupe, relativise l'importance de l'actionnariat salarié en termes de partage de la valeur créée : « Participation et intéressement établissent un lien plus direct entre résultats de l'entreprise et rémunération, pourvu que les critères relatifs à la sécurité ou à la qualité qui figurent dans certains accords du groupe ne viennent pas brouiller la lisibilité de ce dernier », explique-t-il.

Chez Bouygues Telecom, la participation a, ainsi, représenté un mois et demi de salaire en 2009, l'intéressement un demi-mois. Pour le représentant syndical, le principal avantage de l'actionnariat salarié dans le groupe reste la présence de deux représentants des salariés au conseil d'administration. « En cas de déstabilisation du conseil, on peut imaginer que les salariés n'iront pas à l'encontre des intérêts de l'entreprise. » A. D.

* Filiale de construction de routes du groupe Bouygues.

GROUPE BOUYGUES

• Activité : construction, médias et télécommunications.

• Effectifs : 76 427 salariés en France.

• Chiffre d'affaires 2009 : 31,35 milliards d'euros.

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