Comme activité qui structure la vie sociale et lui donne un sens, le travail devrait contribuer à la santé des travailleurs. Or, de plus en plus, le travail rend malade. Aux maladies propres aux métiers dangereux se sont ajoutés les troubles musculosquelettiques (TMS) et les différentes pathologies liées au stress.

Pour autant, l'absence de travail, dans la mesure où elle semble signer l'invisibilité sociale, est tout aussi problématique et pathogène, et pas seulement pour des raisons économiques. Comme l'annonçait Gabriel Fernandez, médecin du travail, dans le titre de son récent ouvrage (éd. Erès), il semble qu'il faudrait «soigner le travail» lui-même, et pas seulement les éclopés du travail.

Sous la direction d'Yves Clot et de Dominique Lhuilier, tous deux professeurs de psychologie du travail au Cnam, une équipe de chercheurs, composée de psychologues, sociologues, médecins, ergonomes... tente de préciser le débat. Que demande-t-on à la médecine du travail et, surtout, comment penser et situer la clinique du travail pour que l'individualisation des pathologies ne vienne pas gommer la dimension collective ?

Entre la plainte et la révolte, la clinique du travail elle-même semble souffrir d'une pathologie de surcharge : trop de problèmes existent et ils sont trop dramatiques pour que la tâche des penseurs du travail soit une opération simple requérant des solutions limpides. P. R.