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Enquête

2009, l'année du retournement

Enquête | publié le : 23.03.2010 |

Après des années de vaches grasses, 2009 a été celle du retournement économique pour les prestataires de formation privés. De plus, la réforme des Opca leur donne bien du souci.

Une hausse de 2,9 % du chiffre d'affaires en 2008 ; une chute de 2,1 % en 2009 ; un espoir de croissance de 1,4 % en 2010. Telles sont les grandes tendances annoncées par l'observatoire économique de la Fédération de la formation professionnelle (FFP) en février dernier.

2009 a donc été une année difficile pour les 400 organismes de formation privés adhérents de la FFP. Ce sont les organismes dont le chiffre d'affaires est le plus important qui ont davantage senti le coup de frein : -3,3 % pour ceux qui réalisaient plus de 10 millions d'euros de chiffre d'affaires ; -0,1 % pour ceux entre 3 et 10 millions d'euros ; -1 % pour ceux de 750 000 euros à 1 million d'euros. Les prestataires les plus petits, de moins de 750 000 euros de chiffre d'affaires, eux, affichent encore une croissance de 4,8 %.

Budget formation en réduction

Les grands groupes multinationaux, qui sont les clients des plus grands organismes de formation, ont donc bien réduit leur budget. De l'ordre de -20 %, estime Jean Wemaëre, président de la FFP, ce que confirme l'étude Linguaid (lire p. 26).

Les organismes généralistes (-5,8 %), ceux spécialisés dans le marketing-commercial-communication (-4,1 %) et les prestataires linguistiques (-1,3 %) sont en baisse. Seuls ceux positionnés sur le management et la GRH (+3,5 %) sont à la hausse. Les organismes de formation spécifique à des métiers sont à l'étale (+0,1 %).

Concentration

Ce qui change peu, en revanche, c'est la grande concentration de l'activité : 5 % des organismes FFP, c'est-à-dire, en tout et pour tout, 20 sociétés, aspirent 59 % du marché de la fédération ; 16 % en concentrent 75 % !

Si les perspectives envisagées pour 2010 sont en légère croissance (+2,1 %), il faut préciser que seuls 25 % des organismes interrogés anticipent une croissance supérieure à 5 %, et que 10 % d'entre eux s'attendent à une baisse supérieure à 5 % ! Les formations spécifiques à des métiers, à l'accompagnement de projets professionnels et celles liées à la gestion des ressources humaines sont les domaines de formation pour lesquels les hausses les plus importantes sont entrevues.

Notes d'espoir

Au-delà de cette aridité chiffrée, quelles tendances de fond apportent un peu de baume au coeur des prestataires de formation privés ? Elles sont au nombre de deux : le e-learning et le DIF. Les formations en ligne se développent. L'utilisation des technologies de l'information est désormais plébiscitée par 64 % des clients (contre 51 % en 2007). En conséquence, 27 % des organismes interrogés ont réalisé des formations en ligne en 2009. Elles se font principalement en intra entreprise (61 %) et dans les domaines informatique et bureautique. Ce sont généralement les organismes de taille importante qui les réalisent.

Demande de DIF croissante

Les demandes de DIF poursuivent également leur croissance. La part du DIF dans l'activité des organismes de formation est passée de 1,2 % en 2005 à 9,3 % en 2009, avec, en perspective, 13,7 % pour 2010 ! « Les entreprises se mobilisent désormais fortement autour de ce droit, ce qui impacte directement la part du DIF dans les activités des organismes de formation », analyse Jean-François de Zitter, vice-président de la FFP.

Du DIF à la réforme en cours, il n'y a qu'un pas et cette dernière donne bien du souci aux dirigeants des organismes de formation privés de la FFP. Plus précisément, c'est le fonctionnement des Opca (critères de prise en charge, délai de paiement...) qui apparaît, en 2009, comme la deuxième préoccupation principale de ces dirigeants, juste derrière la situation économique et financière de leur entreprise, toujours bonne première dans ce classement. Le fonctionnement des Opca était en 4e position en 2008.

En revanche, l'architecture globale de la réforme inquiète moins : elle était la première préoccupation en 2008, elle est passée au 4e rang en 2009. Quant à la concurrence de l'offre publique et parapublique, emblématique sujet de combat de la FFP, elle se maintient en 3e position.

Reste que, selon Jean-François de Zitter, du chemin a été parcouru en vingt ans par les prestataires de formation privés : « Depuis 1990, le positionnement des organismes est plus net, ils se sont spécialisés selon les marchés. Ce qui leur donne moins de souplesse aujourd'hui, mais est le signe que le marché a nettement mûri. Parallèlement, les salariés de ces entreprises se sont également spécialisés et professionnalisés. »

Paradoxale VAE

La VAE s'annonce-t-elle comme une nouvelle opportunité de développement de marché pour les prestataires privés ? La réponse n'est pas aisée, car elle repose sur un constat paradoxal.

L'observatoire de la FFP assure que les clients (principalement les entreprises et les commanditaires publics) recherchent avant tout des formations plus individualisées (84 %) et qui conduisent à la délivrance d'un diplôme, d'un titre ou d'une certification. On pourrait en déduire que la VAE devrait trouver tout naturellement sa place dans cette logique et se présenter comme un nouveau moteur d'activité.

Taux à la baisse

Mais, après la période 2004-2007 durant laquelle le taux d'organismes FFP témoignant avoir reçu des demandes de VAE est passé de 28 % à 38 %, ce taux est, désormais, à la baisse depuis 2007. Les demandes de VAE se sont stabilisées en 2009 à un niveau de 35 % après un chiffre de 36 % en 2008.

Autre point important : la part des demandes de VAE émanant de particuliers et enregistrées par les adhérents FFP a nettement grandi. Elle atteint 77 % en 2009 contre 61 % en 2005. Sans initiative forte des entreprises, la VAE peut-elle véritablement devenir une source d'activité pour les prestataires privés ? De plus, quelle perspective peut avoir une VAE sur des supports privés alors que, culturellement, le poids des certifications d'Etat est fort dans notre pays ?

C'est sans doute pour contourner ces questionnements que 25 % des membres de la FFP construisent des partenariats avec des institutions certificatrices (diplômes universitaires, certifications consulaires, VAE...) et que 16 % d'entre eux ont déjà des titres inscrits au Registre national des certifications professionnelles.