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Les pratiques

Le centre Léon-Bérard tire les «leçons» des TMS

Les pratiques | publié le : 16.03.2010 |

Une «épidémie» de TMS à la pharmacie du centre anticancéreux de Lyon a alerté le médecin du travail et le DRH. Ils ont mis en place des mesures correctives, tant sur le matériel utilisé que sur l'organisation du travail. Pour prévenir ce type de situation, une analyse rétroactive est lancée.

Des plaintes nombreuses et répétées pour des douleurs au poignet, chez des personnes jeunes et travaillant toutes à la pharmacie, ont alerté, fin 2008, le médecin du travail du centre anticancéreux Léon-Bérard de Lyon. Cet établissement privé, référence dans son domaine, connaît une forte croissance de son activité et, par conséquent, de sa pharmacie, service de délivrance des médicaments et de préparation des chimiothérapies. Cette seconde activité se déroule dans une pièce sans fenêtre, en atmosphère contrôlée, sous des hottes aspirantes, au gré des besoins et rapidement. Six préparatrices s'y côtoient simultanément, contre trois il y a quelques années. « De ce fait, mais aussi à cause du geste répétitif d'aspiration d'une quantité précise de produit, ce travail a toujours été pénible, commente le DRH, Hervé Valérian-Bessac. Ce qui a changé, c'est la fréquence de ce geste et une montée de la tension sociale dans le service. »

Il a alors sollicité auprès de la DRTEFP le financement d'une étude du laboratoire d'ergonomie de l'Université de Belfort-Montbéliard, dans le cadre du Fonds pour l'amélioration des conditions de travail.

Remise en cause de l'organisation

Suite aux préconisations, un changement de matériel a permis de réduire de moitié l'effort de pompage à réaliser. « Mais l'organisation du travail a aussi été mise en cause, ajoute Hervé Valérian-Bessac. Sous la responsabilité du pharmacien, les préparatrices travaillaient quinze jours à la préparation des chimiothérapies, puis quinze jours à la délivrance des médicaments, poste en atmosphère normale et engendrant des contacts avec les soignants et les patients. »

En 2009, cette rotation a été accélérée (2 fois 2 jours dans la semaine) et un poste de chef d'équipe créé. Son rôle : « Veiller à l'équilibre des roulements, aux prises de pause... », explique le DRH, qui y a promu l'une des préparatrices, Muriel Jacky : « Il était important pour les membres de l'équipe que j'aie travaillé, comme eux, pendant quinze ans, «sous la hotte» », explique cette dernière, qui a été formée au management par un coach du cabinet Quaternaire.

Aujourd'hui, les plaintes se sont arrêtées. « Cette action sur les TMS va aussi nous permettre d'éviter de faire des erreurs dans la conception, en cours, de la nouvelle pharmacie », estime Martine Beruzon, secrétaire du CHSCT et gestionnaire des risques, qui suit, par ailleurs, une formation en ergonomie afin d'agir de façon préventive.

Les moyens d'agir en amont

En effet, le DRH veut tirer la leçon de cette expérience et trouver les moyens d'agir en amont : « Nous demandons à Aravis*, explique-t-il, de regarder, de manière rétroactive, à quel moment nous aurions pu être alertés. » Ce mois-ci et en avril, le chargé de mission de cette Aract, Nicolas Fraix, va, par exemple, « consulter les rapports passés du CHSCT, voir si des remontées des entretiens annuels d'évaluation auraient été négligées, ou encore créer un tableau d'analyse fine des chiffres de l'absentéisme. Ce qui est intéressant, ajoute-t-il, c'est que le centre Léon-Bérard veut partir de ce qu'il a mis en place au niveau individuel (suivi des absences chroniques, lire Entreprise & Carrières n° 855) pour mieux aborder l'angle collectif et organisationnel ». Les outils de prévention qui seront modélisés feront l'objet de formations aux cadres.

* Agence Rhône-Alpes pour la valorisation de l'innovation sociale et l'amélioration des conditions de travail, antenne régionale de l'Anact.

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