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Les critiques fusent sur la direction de France Télécom

L'actualité | publié le : 16.03.2010 |

Ce 16 mars, les syndicats se voient présenter officiellement le rapport d'étape du cabinet Technologia qui appelle à une réforme en profondeur des RH et du système de management. Dans un contexte où l'Igas vient de classer des suicides de fonctionnaires en accidents de service et où l'inspection du travail a rendu un rapport très critique.

La série noire n'en finit pas chez France Télécom. Un salarié de l'opérateur, à Lille, s'est suicidé à son domicile, dans la nuit du 10 au 11 mars. Même si la part de responsabilité du travail est pour le moment inconnue, il s'agit du dixième suicide depuis le début de l'année, selon les syndicats. Cette même semaine, le cabinet Technologia, choisi pour remettre, en mai, un plan final de prévention en matière de santé et de sécurité au travail, a déjà émis, le 8 mars, 107 préconisations à la direction et aux syndicats. Une présentation officielle a lieu aujourd'hui. « Nous demanderons des explications sur ce que recouvre la notion de médiateur présentée dans le rapport. Cela pose la question de la place des élus dans l'entreprise », signale Pierre Dubois (CFDT). Le document propose, en effet, de créer un réseau de médiateurs, composé à 70 % de collaborateurs de France Télécom et à 30 % de médiateurs externes, « jouant un réel rôle d'arbitrage pour pallier la disqualification des RH ».

Direction des relations humaines

Technologia suggère aussi de renommer la DRH «direction des relations humaines». « Là aussi, poursuit Pierre Dubois, nous demanderons des explications, car, derrière le changement de vocabulaire, il faut se poser la question de la place des RH : elles doivent se réapproprier un pouvoir décisionnel et non plus être un bras armé exécutant. »

Christian Mathorel, pour la CGT, insiste sur l'importance de la poursuite des négociations en cours sur l'organisation et les conditions de travail et sur la place des organisations syndicales dans l'entreprise : « Nous souhaitons la réhumanisation de l'entreprise et des moyens pour l'emploi. »

Classement en accidents de service

Par ailleurs, l'Igas a recommandé à l'entreprise de classer trois suicides de fonctionnaires et une tentative comme accidents de service, sur cinq suicides et deux tentatives soumis à avis. La direction a indiqué qu'elle suivrait ces recommandations. Le syndicat SUD souligne, toutefois, « l'incompréhension » de « ceux qui voient leur demande rejetée ». Il conteste aussi l'objectivité de la méthodologie retenue et réclame que les organisations syndicales soient informées dans le cadre du CNSCHSCT. En outre, Pierre Morville (CFE-CGC) souligne que les cas examinés concernent des drames survenus à compter de 2008, mais de 2003 à 2007, « la direction se refuse à donner des statistiques sur les suicides », alors que c'est à partir de 2004 que les départs forcés ont débuté, et donc ont eu probablement un impact sur la flambée des suicides.

Alertée dès 2008

Enfin, le suicide d'un salarié de France Télécom à Besançon, survenu en août 2009, est déclaré « en lien avec le travail », selon un rapport de l'inspection du travail, daté du 25 janvier, mais rendu public par SUD en fin de semaine dernière. Le syndicat devait d'ailleurs décider, ou non, de se porter partie civile dans cette affaire le 15 mars.

L'inspection souligne qu'« un rapport de Technologia avait déjà alerté la direction, en 2008, sur les risques psychosociaux lors des changements de métiers ou de compétences ». « Malgré la connaissance d'une situation difficile », France Télécom n'a pas pris les mesures de prévention nécessaires. Et, en dépit des alertes des médecins du travail expliquant que les mesures de prévention tertiaires (de type cellules d'écoute ou de repérage des salariés en difficulté) étaient insuffisantes, l'entreprise « n'a pas modifié ses mesures », assène le rapport.