«Le micro-don tel que nous l'envisageons est une sorte de prélèvement automatique de petites sommes. Il devrait séduire beaucoup de salariés », c'est du moins ce que souhaite Izy Béhar, DRH d'Eutelsat, première entreprise à adopter «l'arrondi solidaire». Lancé en partenariat avec le spécialiste de la paye, ADP, ce mécanisme inspiré du «payroll giving» anglo-saxon, utilise le bulletin de salaire comme vecteur de collecte de fonds. Concrètement, l'employé qui le désire fait grâce des centimes du net à payer afin de soutenir l'action d'associations d'intérêt général. Donner peu mais régulièrement, tel est le principe du système : de fait, les dons s'élèvent en moyenne à 6 euros par salarié et par an...

Cette modicité des sommes collectées, le DRH espère la compenser grâce à un volume conséquent, quand d'autres entreprises auront adopté la démarche : « Notre prestataire produit en moyenne 2,5 millions de bulletins de paye par mois, ce qui peut avoir un effet de levier important. Les petits ruisseaux font les grandes rivières. »

Autre facteur démultiplicateur, la possibilité pour l'employeur d'abonder les contributions des salariés. Eutelsat double, ainsi, les sommes apportées et prend également en charge les frais techniques de l'opération. Les collaborateurs peuvent, eux, ajouter un montant forfaitaire de 1 à 5 euros.

Dans l'opération, l'entreprise ne tire aucun avantage financier. Il s'agit plutôt d'un projet fédérateur qui implique les collaborateurs et renforce le positionnement citoyen de la société. « L'idée correspond exactement à la préoccupation d'engagement sociétal d'Eutelsat. De plus, la mesure est simple à mettre en oeuvre : l'interface avec le système de paye est automatique », souligne le responsable.

Côté salarié, le donateur se déclare et choisit la structure qu'il souhaite aider sur un portail Internet ad hoc. Sur le thème du soutien à l'emploi et à l'entreprenariat grâce au microcrédit, le programme démarre avec Association pour le droit à l'initiative économique (Adie), et PlaNet Finance, présidée par Jacques Attali. Au sein d'un club en cours de création, les futures entreprises adhérentes au système pourront choisir des associations dans d'autres domaines : environnement, santé, télémédecine...

« Quels que soient son salaire, sa situation familiale ou ses difficultés personnelles, chacun peut agir de manière responsable, avec relativement peu d'efforts et de sacrifices, en donnant quelques euros par an », ajoute Izy Béhar. Chez Eutelsat, les partenaires sociaux ont très bien réagi à la mise en place de l'arrondi solidaire. D'ailleurs, afin de s'assurer de la traçabilité des dons et d'éviter leur dispersion, le dispositif est très encadré : cahier des charges imposé aux bénéficiaires des dons ; suivi de l'utilisation des fonds ; information sur l'état d'avancement des projets... L'entreprise acquiert, ainsi, la certitude que les sommes collectées sont intégralement utilisées.

« A l'étranger, 30 % à 40 % des salariés se portent volontaires dans les entreprises qui pratiquent le micro-don. Nous espérons faire mieux. Beaucoup d'entreprises sont d'ores et déjà prêtes à démarrer le projet », assure le DRH.