La négociation sociale est en crise, une crise qui vient de loin. Après la mise en place de représentants élus du personnel dans l'immédiat après-guerre, les règles de représentativité et de validité des accords établis en 1950 ont longtemps porté la marque de la guerre froide, époque où la CGT, alors proche du parti communiste, dominait les relations sociales. Et la négociation d'entreprise et interprofessionnelle n'a existé qu'à partir de 1968.

Aujourd'hui, bien que le contexte géopolitique ait changé, la modernisation des relations sociales bute sur la crise endémique du système depuis le premier choc pétrolier de 1973 et l'apparition d'un chômage de masse.

Dans une première partie de son ouvrage, Henri Rouilleault passe en revue le lien entre l'histoire sociale et l'histoire politique au fil des quarante dernières années. Dans une seconde partie, l'auteur propose douze idées-forces et avance des préconisations pour conforter le rôle de la démocratie sociale. L'enjeu est d'autant plus important que la crise économique mondiale fragilise les salariés, notamment les plus précaires d'entre eux.

Pour que l'après-crise ne consiste pas simplement à raboter les politiques sociales afin de les aligner, peu ou prou, sur ce qui se passe dans les pays émergents, l'auteur souligne l'actualité et l'urgence pour tous les partenaires sociaux de renouer les liens entre l'entreprise et les autres parties prenantes de l'économie. Une mobilisation solidaire, en quelque sorte, pour relever les défis à venir !

Henri Rouilleault est administrateur de l'Insee et membre du Centre d'analyse stratégique.