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Les pratiques

Espagne L'égalité des sexes dans l'intérim, cheval de Troie chez les clients

Les pratiques | publié le : 23.02.2010 |

L'accord de branche sur l'égalité des sexes dans les entreprises de travail temporaire aura des conséquences dans les sociétés où sont envoyés les intérimaires.

C'est un accord pionnier qu'ont signé, en octobre dernier, les principaux syndicats espagnols et les organisations patronales du secteur des entreprises de travail temporaire (ETT). Après un an de négociation, ils sont parvenus à tomber d'accord sur un code de bonne conduite pour encourager l'égalité des chances et le principe de non-discrimination sexuelle, tant pour le personnel des entreprises de travail temporaire que pour celui mis à disposition d'entreprises tierces. « Nous nous félicitons d'un tel accord, qui n'existe pas au niveau européen », souligne Ana Herranz, responsable du secrétariat de la femme à Comfia-CC. OO (la fédération des services financiers et administratifs au sein de CC.OO, Commissions ouvrières, l'un des deux principaux syndicats espagnols). La loi sur l'égalité, approuvée en Espagne en 2007, qui oblige les entreprises de plus de 250 salariés à mettre en place des plans d'égalité, a favorisé un tel accord.

Huit recommandations

Le texte établit huit recommandations générales, en déterminant comme critère de base la non-discrimination sexuelle en matière d'accès à l'emploi, de promotion et d'exercice de droits liés à la conciliation entre vie familiale et vie professionnelle. Mais aussi la nécessité de négocier des protocoles de prévention contre le harcèlement sexuel, tant pour le personnel de l'entreprise que pour le personnel mis à disposition. L'un des points les plus importants est la recommandation selon laquelle les entreprises d'intérim contribueront à améliorer l'employabilité et la stabilité des femmes en matière d'emploi, en complétant leur niveau de formation et leur capacité d'adaptation aux nécessités du marché du travail, sans que la conciliation, la maternité ou la paternité ne soient un obstacle à la promotion ou à l'embauche. Faciliter l'insertion des femmes victimes de la violence machiste fait aussi partie des recommandations.

Il est encore trop tôt pour juger des effets de cet accord général : à Comfia-CC. OO, on estime que d'ici au mois de décembre prochain, il sera possible de faire un premier bilan. Dans un premier temps, les négociations dans chaque ETT vont commencer, pour que chacune mette en place son plan d'égalité.

« Cela prendra du temps car, avec la crise économique, la préoccupation n'est pas celle-là », nuance Maite Roa, responsable du département juridique pour les Canaries, l'Andalousie et la zone du Levant pour le groupe Adecco. Mais, déjà, certains réseaux ont pris les devants. Le principe de non-discrimination et d'égalité des chances commence avec les petites annonces d'emploi. « Nous mettons systématiquement les déclinaisons masculine et féminine pour tous les métiers », explique ainsi Maite Roa. Son entreprise a, par exemple, envoyé des femmes pour des postes traditionnellement occupés par des hommes. « L'entreprise a bien réagi et a même engagé plusieurs d'entre elles », souligne la responsable juridique. A chaque ETT donc de déterminer les secteurs où il existe un déficit de femmes.

Mais, libre, ensuite, à l'entreprise de choisir qui elle veut. Les ETT n'auront pas forcément les moyens ni ne pourront obliger les entreprises tierces à engager des femmes. « Mais c'est un début, il s'agit de changer les stéréotypes. Si on rompt l'inertie, on fait un peu reculer la ségrégation », affirme Ana Herranz. Maite Roa signale aussi que pour certains métiers comme celui de plombier, ils ne reçoivent aucun CV de femme. Les spécialistes de l'intérim n'auront donc pas une grande marge de manoeuvre pour faire appliquer l'égalité des chances chez leurs clients.