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Enquête

« Il ne faut pas refuser de négocier sur la partie individuelle »

Enquête | L'entretien avec | publié le : 23.02.2010 |

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« Il ne faut pas refuser de négocier sur la partie individuelle »

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E & C : Comment caractériseriez-vous les négociations salariales cette année ?

P. F. : Elles sont souvent tendues car un discours public dit qu'on atteint la fin de la crise économique, ce qui suscite des attentes de progression salariale. Mais, en réalité, les entreprises n'en voient pas encore le bout et proposent des politiques salariales très sévères. Beaucoup avancent des enveloppes globales de 2 %, contre 3 %, voire plus pendant de nombreuses années avant 2009. Un gel des salaires sera même maintenu dans de nombreuses entreprises.

E & C : Pour les cadres, le plus souvent augmentés individuellement, à quels critères répond la détermination des budgets ?

P. F. : Le plus souvent, les augmentations individuelles ne sont pas négociées. Les entreprises n'ont pas envie d'échanger sur ce point. Mais le problème est que beaucoup d'organisations de salariés conservent un positionnement traditionnel, sur la revendication d'augmentations générales, sur les réévaluations des grilles ou sur la valeur du point d'ancienneté. Et elles ne veulent pas entrer dans le débat des augmentations individuelles. Cela me paraît regrettable. Il faudrait accepter d'aller regarder en particulier comment elles sont attribuées. Elles représentent une part croissante des modes d'augmentation pour les non-cadres et souvent la totalité pour les cadres. Or, elles n'ont pas fait la démonstration de leur efficacité.

E & C : Pour quelles raisons ?

P. F. : D'abord, parce qu'elles sont nées, avec les variables, dans des périodes de croissance et d'acquisition de marchés et, même si elles représentent le meilleur moyen pour un cadre d'augmenter significativement sa rémunération, elles correspondent mal à la dynamique du travail souhaitée par beaucoup d'entreprises qui veulent susciter des collaborations et des fonctionnements collectifs. En outre, la sélectivité de la distribution est souvent faible. On se contente de saupoudrage ou d'augmentations tournantes dans une équipe : on énonce des principes et on ne les applique pas, car ils sont inapplicables.

La CFDT-Cadres a inscrit dans son plan de travail pour cette année une refondation de ces questions. Nous voulons attirer l'attention de nos collègues sur le fait qu'il y a du grain à moudre sur la partie individuelle. Il ne faut pas laisser faire les seuls DRH. Il faut comprendre comment cela fonctionne, interroger sur les critères d'attribution. Associer des cadres à l'équipe de négociation est souhaitable. Et, ce qui concerne surtout les cadres aujourd'hui est susceptible d'être étendu bientôt à tous les autres salariés.