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L'interrogation du DRH

Enjeux | Chronique de Meryem Le Saget | publié le : 23.02.2010 |

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L'interrogation du DRH

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Ils ont choisi ce métier parce qu'ils croient en l'homme. Ils ont rencontré dans leur parcours des mentors inspirants, qui possédaient cette fibre particulière qui fait grandir les personnes dans leur entourage. Aujourd'hui, ils sont DRH de grande ou moyenne entreprise, mais leur quotidien ne ressemble plus au métier qu'ils aimaient et qu'ils avaient choisi.

Les exigences de performance et la mondialisation sont passées par là. Avant toute chose, leur patron a le souci des résultats ; il craint le verdict des actionnaires, il a peur de ne pas fournir la rentabilité attendue. Le DRH sait qu'il existe d'autres solutions qu'alléger les effectifs, mais il n'est pas écouté, ou il est déjà trop tard. Le voilà en charge du plan social. Autour de lui, certains petits malins en rajoutent : « Tant qu'on n'a pas licencié, on n'est pas un vrai DRH ! ». Déprimant de cynisme. Cela ressemble tellement à « Tant qu'on n'a pas tué, on n'est pas un vrai soldat ».

Courageusement, ils s'attachent donc à négocier les départs. Le mieux possible, comme seuls des professionnels conscients de la valeur des personnes savent le faire, en cherchant à minimiser les drames, en traitant les individus avec respect, en tentant de ne pas entamer leur confiance en eux, en leur expliquant que ce besoin de réduction d'effectifs ne remet pas en cause leur compétence. Voyant que les partants sont correctement traités, le syndrome du survivant est moindre et la vie reprend.

Les clés d'un métier enrichissant en ressources humaines sont l'entente que l'on a avec son directeur général et la qualité de ce que l'on accomplit avec ses équipes. Certains DRH avaient cru rejoindre une entreprise humaine, avec un patron compréhensif, qui assurait que pour lui l'homme était au coeur de la performance, mais la réalité s'avère parfois bien différente. En dehors du dialogue social et de la rémunération, certains patrons ne savent pas à quoi sert un DRH. Ils n'en comprennent pas le métier. Business partner, développement des personnes, formation des managers, évolution des méthodes de travail, vision stratégique partagée, agilité et transversalité dans l'entreprise, gestion prévisionnelle des compétences ? Tout cela est du chinois. Leur parcours ne leur a pas fait rencontrer les sciences sociales, la systémie, les dynamiques de grands groupes, les logiques participatives, les ressorts de la culture d'entreprise. Devant ce constat, bien sûr, il est toujours possible de partir pour aller rejoindre une entreprise qui croit en l'homme, mais ce n'est pas une option pour tout le monde.

L'autre approche est de faire avec ce que l'on a. Se concentrer avec ses équipes sur quelques projets qui ont du sens. Agir au quotidien pour exprimer les valeurs que l'on défend : chaque acte de respect envers les salariés compte, car il porte un message. Une écoute attentive, une aide, une conversation privilégiée peuvent faire grandir les personnes. Rien de tel que le terrain pour redonner du sens au travail. Face à l'avenir, gardons espoir : les prochaines générations de dirigeants seront mieux éduquées et nettement plus sensibles aux ressorts qui favorisent l'innovation et l'intelligence collective. Le métier de DRH n'en sera que plus passionnant.

Meryem Le Saget est conseil en entreprise à Paris. < www.lesaget.com >