Le progrès économique et le progrès social ne sont pas deux concepts contradictoires. Si, à court terme, l'augmentation de la performance de l'entreprise peut être obtenue en pressurant les salariés et en négligeant leurs revendications salariales ou celles concernant leurs conditions de travail, à plus longue échéance, il n'est pas de progrès économique durable sans prise en compte des aspirations des salariés, quitte à leur demander d'en rabattre un peu sur celles-ci.

Après une période où la nouvelle concurrence mondiale rendait évident un management des ressources humaines à l'économie, il semble, malgré ou à cause de la crise, que cette tendance lourde doive être reconsidérée. Certes, la concurrence est toujours aussi rude, mais la logique financière qui exigeait des économies à tout prix se révèle aujourd'hui à courte vue.

A travers neuf cas d'entreprises de tailles et de secteurs différents, les auteurs entendent montrer que le dialogue social n'est pas qu'un voeu pieu, mais que «ça marche», même si, parfois, il fonctionne en grinçant. L'ouvrage donne ainsi la parole à des dirigeants et à des syndicalistes qui racontent les réalités de leur dialogue social et ses effets.

Au-delà des compromis adoptés sur le terrain, c'est précisément la dimension de dialogue qui ressort, c'est-à-dire la construction d'un champ des possibles au fil des rencontres, qui permet que l'entreprise où direction et syndicats ont accepté de se parler ne soit plus tout à fait la même qu'avant. Le dialogue, à ce titre, participe incontestablement de la dynamique d'entreprise !

Jean-Paul Guillot est président de Réalités du dialogue social (RDS).

Carmen Rubia est responsable du groupe de communication de RDS.