Le monde occidental qui, historiquement, a été le premier à s'industrialiser, est sur le point d'abandonner son industrie, cédant ainsi à la pression concurrentielle des pays à bas coûts de main-d'oeuvre. Pour Jacques Léger, manager de l'industrie, renoncer au développement industriel de nos économies reviendrait à faire marcher notre civilisation sur la tête en renonçant à la valeur travail située à sa base. Développer une civilisation des services n'a de sens qu'à condition de considérer ceux-ci comme une superstructure.

Fondant son argumentation sur des exemples économiques concrets, l'auteur démontre qu'il existe un moyen de résister et de défendre un modèle de perfomance durable de l'industrie, en tablant sur l'innovation, la qualité, la technologie... sans pour autant renoncer au système social construit au cours des dernières décennies. Frappé au coin du bon sens et largement documenté, le discours de Jacques Léger, cependant, manque peut-être un peu d'imagination, car pourquoi réduire la notion de valeur à la valeur matérielle ? L'auteur fait justement remarquer que, si l'industrie représente encore 80 % de nos exportations, elle a perdu à peu près 50 % de ses emplois en moins de trente ans.

La dépendance industrielle vis-à-vis de l'étranger peut être dangereuse, bien sûr, mais notre civilisation n'est-elle pas fondée sur les échanges ? Ceux-ci ne se réduisent pas aux échanges matériels, et les pays qu'il met en exergue, notamment les Etats-Unis, ont largement apporté la preuve qu'il était possible de créer de la richesse autrement qu'en produisant des biens tangibles.