C'est la première entreprise de Rhône-Alpes labellisée Egalité par le groupe Afnor. Autocars Planche, filiale de Keolis, a reçu sa certification à l'automne, sur la foi d'un accord sur l'égalité des chances et d'un plan d'action visant ses pratiques RH aussi bien que la sensibilisation du personnel. Pour la DRH, Karine Latta, « c'est la continuité d'une démarche de mixité entamée en 2004, pour réagir à la pénurie de main-d'oeuvre ». Une pénurie qui tient pour beaucoup au temps partiel, incontournable dans cette entreprise spécialisée dans le ramassage scolaire.

Sur les 238 salariés (140 équivalents temps plein), 200 occupent un poste de conduite. La plupart travaillent deux heures le matin, et deux heures en fin d'après-midi. Ils peuvent les compléter avec d'autres excursions, commandées au coup par coup par le monde scolaire ou associatif.

La PME s'est, ainsi, longtemps débattue avec un turn-over de plus de 20 %, qu'elle a pu stabiliser grâce à l'arrivée de femmes : « La plupart des hommes conducteurs visent un temps plein, analyse Karine Latta. Tandis que les femmes viennent davantage trouver un travail d'appoint. Mais c'est aussi vrai de certains jeunes. Et, de plus en plus, des retraités de la fonction publique - des militaires - qui ont besoin d'arrondir leur pension. » Au cours des trois dernières années, Planche a recruté 30 femmes, tous services confondus, avec l'aide de Pôle emploi. Le taux de féminisation atteint dorénavant 27 % de l'effectif (22 % parmi les chauffeurs). Selon la DRH, la rédaction du rapport de situation comparée et les formations successives ont mis en évidence l'importance des femmes. Plus fidèles à l'entreprise, les conductrices s'en tirent souvent mieux que leurs collègues masculins en matière de consommation en carburant ou de sinistralité du véhicule.

Le plan d'action insiste, tout d'abord, sur « la pérennisation des pratiques RH », notamment en matière de recrutement et de rémunération. « Il n'existait pas d'écarts salariaux entre hommes et femmes, affirme la DRH. Mais on n'est jamais à l'abri d'une anomalie. Par exemple, si un manager acceptait, parce que les conducteurs sont rares, d'en engager un à un taux horaire supérieur à celui des autres nouveaux salariés. » Planche s'est, par ailleurs, dotée d'indicateurs d'intégration pour suivre l'accès aux «allocations supplémentaires de transport» (trajets complémentaires) et aux postes à temps complet - proposés suivant l'ancienneté.

Le troisième volet concerne la sensibilisation à l'égalité professionnelle et à la prévention des discriminations. Les groupes de travail démarrent. Ils impliquent les managers, mais aussi les conducteurs. « Nous devons connaître l'impression des intéressés, souligne Karine Latta. Les beaux graphiques et les statistiques flatteuses ne sont pas suffisants. »

Planche s'est fait accompagner par le cabinet Actions et politiques publiques (APP), qui a aussi suivi cinq autres entreprises locales, à la demande de la Délégation aux droits des femmes. Coût par mission : 5 000 euros. « Deux sont proches de déposer un dossier pour le Label Egalité à l'Afaq-Afnor », assure Laurence Langer, la dirigeante.

En France, depuis la création du label en 2004, seulement 50 entreprises ont été certifiées. Selon Elisabeth Ferro-Vallé, ingénieure Afnor, « 70 % font appel à un conseil extérieur. Pas seulement pour rédiger leur dossier de candidature : le recours à un intermédiaire permet de mieux décrypter les préjugés ».