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Les pratiques

Un bon bilan malgré une réindustrialisation chaotique

Les pratiques | Retour sur... | publié le : 09.02.2010 |

Parce qu'ils ont cru à la venue d'un investisseur canadien à la place de leur usine vouée à la fermeture, une bonne partie des 439 salariés vosgiens du groupe électroménager ont fait l'impasse sur un reclassement individuel. Or, l'entreprise s'est défaussée et, entretemps, la crise est arrivée. Mais le bilan reste honorable.

Le cyclone de la fin de SEB dans les Vosges continue de produire quelques vagues, quatre ans après son annonce. En raison de la baisse de son marché, le constructeur de maisons à ossature bois Ossabois, société survivante d'une réindustrialisation à péripéties, a procédé, le 26 janvier dernier, au licenciement de 18 de ses 62 salariés locaux, issus pour la plupart de l'usine SEB de grille-pains et fours, qui employait 439 personnes dans la commune du Syndicat avant sa fermeture, fin 2007.

Un projet faussement idéal

Objet d'une convention de revitalisation entre SEB et les pouvoirs publics, la réindustrialisation du site avait vite pris le pas sur les reclassements individuels. Car un projet avait surgi, qui semblait idéal puisqu'il promettait la réembauche de tous les anciens encore sur le carreau et la création d'au moins autant d'emplois que la restructuration du groupe électroménager en avait détruits. Cette entreprise salvatrice s'appelait Modulex, elle était canadienne et voulait lancer, en Europe, l'activité de maisons à ossature bois qu'elle disait avoir démarré dans son pays. Elle laissait même miroiter 1 500 emplois à terme ! « Quand ce chiffre astronomique a été affiché, on n'y a plus cru. D'autres doutes résultaient de l'absence d'informations fiables sur les comptes de Modulex. Mais, pour le reste, il faut reconnaître qu'il y avait de quoi être confiant : la nationalité de l'investisseur, et surtout les perspectives avérées de croissance de l'ossature bois », relate Jean-Pierre Antoine, ex-délégué CFDT chez SEB, qui a monté avec quelques homologues une association des anciens du site.

La direction de SEB ne dit pas autre chose : « Quand arrive un projet qui vient relever tous vos défis d'un coup, on veut y croire, même si on se demande si ce n'est pas trop beau », confie Dominique Gallopin, DRH France. L'Afpa a mis en place une formation à la conversion pour 200 anciens salariés, des femmes en grande majorité : le produit final de Modulex n'avait rien à voir avec les grille-pains, mais les métiers pour son élaboration n'étaient pas si éloignés.

Les «floués» de Modulex

Sauf que Modulex n'a pas tenu un an. L'entreprise, surgie fin 2006, s'est volatilisée à l'été 2007. SEB est alors allé chercher Ossabois. Cette PME française ayant pignon sur rue a pris le relais sur la même activité, mais avec des effectifs plus restreints. Quant aux floués de Modulex, ils ont laissé passer leur chance, souligne Michel Vaxelaire, ancien délégué FO : « Ils avaient renoncé aux solutions de reclassement individuel dans l'optique d'intégrer la nouvelle usine un peu plus tard. Quand ils sont revenus pour de bon sur le marché du travail, la crise économique s'est installée et les solutions ne se trouvent plus qu'au compte-gouttes. »

« L'élan pour le reclassement individuel a été stoppé net par la perspective d'une réindustrialisation rapide et massive », confirme Dominique Gallopin. Ceux qui n'ont pas attendu ont bénéficié d'une conjoncture bien meilleure, qui permet à Algoé, l'animateur de l'antenne-emploi, d'afficher un bilan final tout à fait honorable : environ 400 «solutions» sur 439, réparties en 127 mesures d'âge financées par l'entreprise ; 84 CDI ; 31 contrats temporaires de plus de six mois ; 53 embauches au titre de la réindustrialisation ; 16 créations d'entreprise ; 50 mobilités internes et quelques «choix personnels». « Le scénario particulier a rallongé le travail post-restructuration d'un an - l'antenne-emploi, qui devait fermer avec l'usine, a été prolongée jusqu'à fin 2008 -, mais son impact négatif a été effacé », estime Dominique Gallopin.

Indemnités

Les affres de la réindustrialisation ont également modifié le contenu du plan social. Les ex-futurs Modulex ont touché un ensemble d'indemnités qui leur garantit un maintien de revenu, au même titre que leurs collègues reclassés, bénéficiaires d'une compensation de différentiel de salaire pendant trois ans au titre de l'allocation temporaire dégressive.

LES AUTRES RESTRUCTURATIONS DES USINES SEB

La vaste restructuration des usines SEB en France, que le groupe a justifiée, début 2006, par des impératifs de compétitivité, a supprimé 890 emplois.

Outre les Vosges, il a fermé son usine de poêles Téfal à Dampierre, dans le Jura (171 salariés), son site de cafetières Moulinex, à Fresnay-sur-Sarthe (214), et supprimé 66 emplois à Vernon (Eure, aspirateurs Rowenta).

Pour ces trois cas, il annonce un reclassement intégral - mutations et mesures d'âge comprises - et la création de 240 emplois supplémentaires grâce à la réindustrialisation.

SEB emploie encore 6 000 personnes en France.