A Moirans (38), dans la société de prise en charge à domicile Medical Air, deux agents viennent d'obtenir, via une VAE, une certification de «technicien d'intervention en assistance médico-technique à domicile». Si celle-ci n'est pas encore inscrite au Registre national des certifications professionnelles (RNCP), elle marque un début prometteur. Dans cette entreprise, en effet, 60 % des salariés sont des techniciens respiratoires, chargés d'installer des appareils d'assistance chez des patients apnéiques ou insuffisants respiratoires. « Ce métier requiert des compétences précises, mais il n'existe pas de formation ni de diplôme, signale Noémie Huc, DRH. Nous recrutons les gens au niveau bac, puis nous les formons en interne. »

En 2007, Medical Air a créé son propre centre de formation, où une vingtaine de professionnels ont, depuis, été formés en contrat de professionnalisation de six mois. Les besoins de main-d'oeuvre sont importants. En dix ans, le nombre de patients pris en charge à domicile a été multiplié par quatre. Medical Air, créée par deux personnes en 1996, est passée de 75 salariés en 2007 à 114 aujourd'hui. « Les professionnels ont besoin que leur métier soit mieux reconnu, estime la DRH. Et, nous, recruteurs, nous le voulons mieux référencé, avec un titre officiel, pas une formation non qualifiante. » Ainsi, Medical Air a fait appel à Agefos-PME pour trouver un prestataire qui l'aide à développer une certification.

Leur demande a été associée à celle d'Agir à dom, association qui dépend d'une autre organisation professionnelle*. L'Opca, qui s'est adressé à l'Afpa, a couplé fonds public de péréquation (FUP) et subvention DDTEFP pour réunir les 25 000 euros nécessaires, les entreprises investissant essentiellement en temps. « La démarche est très pertinente, dans cette branche en pleine structuration, estime Marc Di Martino, ingénieur formation qui a accompagné le processus avec Bruno André, également de l'Afpa. Et elle émane du terrain, des vrais besoins des entreprises. »

Sur un an, en 2009, l'Afpa et les entreprises, suivies par Agefos-PME, ont construit un «référentiel emploi activité compétences» (Reac), puis un référentiel de certification et un guide d'examen pour les jurys de VAE. « L'ingénierie de l'Afpa nous a permis de mieux appréhender la grande autonomie de ces personnels, remarque Noémie Huc : le relationnel représente 80 % de ce métier. » Outre l'aspect technique, cette dimension relationnelle et pédagogique de la profession - qui assure l'interface entre médecins et patients - fait appel à des compétences qui correspondent à un niveau 3 (bac +2).

Après une première vague de VAE pour cinq techniciens en décembre, deux nouvelles sessions doivent se tenir d'ici à la fin du semestre, pour que les partenaires puissent proposer leur demande d'inscription au RNCP, via une commission régionale. Si l'inscription se confirme, une première formation en alternance devrait démarrer en septembre, avec l'Afpa et les entreprises.