Pression constante des objectifs, évaluation permanente, non-reconnaissance des qualifications, mutations à répétition, multiplication des contrats atypiques, mise en concurrence des salariés entre eux... Le «Wall Street management», dépendant des indices boursiers, a fait des dégâts. Ce mode de management a atteint les limites de son efficacité économique et de son inefficacité sociale.

En première ligne de la dévalorisation du travail qualifié, le sort des cadres - individualisation du travail, remise en cause des garanties collectives - préfigure celui de l'ensemble du monde salarié. La situation est grave, car la question managériale conditionne le sens et la qualité de la valeur travail, qui permet non seulement de s'investir dans l'entreprise mais, tout simplement, de travailler ensemble.

Les auteurs, qui, de par leur place dans l'encadrement et par leurs responsabilités syndicales, disposent d'un poste d'observation privilégié, ont choisi de porter un regard croisé sur la notion même de management afin de remettre en cause celui à vocation universelle qui a accompagné la mondialisation. Ils plaident pour un management alternatif en prise directe avec l'économie réelle, qui permettrait de construire des collectifs de travail performants et durables. Une pensée qui a le mérite de ne pas céder aux diktats de la logique gestionnaire.

Marie-José Kotlicki est cadre de la fonction publique et membre du CESE.

Jean-François Bolzinger est ingénieur dans l'industrie.

Tous deux sont secrétaires généraux de l'Ugict-CGT.