Les équipes du futur ressembleront davantage à des «associations de talents» qu'à des structures définies. Tous les signes que l'on observe en témoignent.
Dans les entreprises, les équipes projets vivent déjà largement à cette enseigne. Elles réunissent autour d'un même but tous les représentants des fonctions nécessaires à la réussite du projet. Chaque membre y contribue en digne porteur de son métier, mais il doit aussi être capable de cocréer avec les autres dans un esprit collaboratif et non partisan. Une fois l'objectif atteint, l'équipe se sépare.
A l'extérieur de l'entreprise, c'est également le cas. Fréquemment, des prestataires de services se regroupent pour proposer à un client une solution plus complète. La qualité et la cohérence de l'ensemble sont déterminantes. Il ne s'agit pas d'une collection d'individus apportant chacun son savoir-faire, mais bien d'une équipe, partageant un objectif commun, un sens des responsabilités, une répartition claire des rôles et une même conception de la qualité client. Ces équipes fluides et efficaces fonctionnent en fait en «associations de talents». Pas de structure formelle, mais un état d'esprit. Leur succès repose sur des compétences savamment sélectionnées, bien sûr, mais, surtout, sur une attitude personnelle constituée de professionnalisme, de fiabilité des engagements, de communication fluide et de confiance mutuelle.
Plus les organisations chercheront à être rapides et réactives, plus le fonctionnement en associations de talents va se développer. Car il permet une réponse flexible et ultraprofessionnelle aux problématiques d'aujourd'hui. L'ennui est que nous n'avons pas forcément réalisé le chemin qu'il nous reste à parcourir pour savoir les faire fonctionner. En cuisine, il ne suffit pas de réunir les bons ingrédients pour que la recette réussisse...
Dans les associations de talents, c'est la dimension personnelle de chacun qui fait la différence. On a tous fait plus ou moins d'études, on a acquis une qualification et une certaine expérience, mais, parfois, cela n'a pas grand-chose à voir avec le «savoir-être» requis pour qu'une association de talents fonctionne. Comme, par exemple, être lucide sur soi-même, reconnaître ses qualités et ses points faibles (les vrais, ceux que révèlerait un 360°) ; accepter d'être au service des autres et du projet ; avoir dépassé ses besoins de pouvoir, de protection, de séduction ou de reconnaissance ; travailler d'égal à égal avec les autres sans notion de positionnement ; communiquer et partager spontanément ; construire une conception commune du résultat sans vouloir être le chef ; expliciter les rôles et clarifier les attentes mutuelles au lieu de supposer que l'autre va deviner ce que l'on attend ; clarifier rapidement les incompréhensions ; se faire confiance mutuellement dans ses compétences et sa capacité à faire face à l'imprévu ; garder du recul sous la pression ; s'épauler quand l'un ou l'autre rencontre des difficultés ; accepter de ne pas avoir raison ; écouter et être attentif aux autres pour sentir ce dont ils ont besoin ; savoir partager son enthousiasme et retenir son stress... Pas de doute, le fonctionnement en association de talents est exigeant. Mais, quand le succès est là, il justifie tous les efforts accomplis.
Meryem Le Saget est conseil en entreprise à Paris. <
