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Les pratiques

Cinquante ans de formation syndicale à l'université

Les pratiques | Retour sur... | publié le : 02.02.2010 |

Cinq décennies après leur création, les instituts du travail perpétuent la formation syndicale à l'université. Pour faire entendre leur voix, les onze structures agréées par le ministère du Travail disposent, depuis 2009, d'une conférence commune.

En décembre dernier, la région Centre inaugurait l'Irsut, l'Institut régional syndical et universitaire du travail, douzième institut du travail de l'Hexagone. Cet hybride au format associatif, en cours d'agrément, créé en partie à l'initiative de la région Centre, vient s'ajouter à un réseau de onze instituts nés dans les années 1950 à l'initiative d'universitaires et de syndicalistes. En 1956, dans une France à peine sortie de la Seconde Guerre mondiale, un universitaire engagé, Marcel David, créait à Strasbourg le premier institut du travail, un lieu unique qui ouvrait l'université aux élus syndicaux.

L'originalité des instituts du travail, qui ont essaimé entre les années 1960 et 1980, réside moins dans l'ouverture de l'université au monde ouvrier que dans le caractère négocié des contenus de formation. Officialisés par la loi du 23 juillet 1959, régis par le décret du 25 avril 1989, c'est l'instauration du congé pour formation économique, sociale et syndicale qui permet à ces instituts de se pérenniser. Dès l'origine, la négociation avec les trois grandes organisations syndicales CFDTCFTC, CGT, et CGT-FO est au coeur de leur fonctionnement. Chaque stage ne regroupe que des militants d'une seule organisation ; le corps enseignant est composé d'universitaires, de personnes qualifiées du monde extra-universitaire et de responsables syndicaux.

Lieux d'apprentissage

« Les instituts ont initié les syndicalistes à l'économie et, notamment, à la macro-économie, au droit, mais aussi aux grandes questions de politique sociale. Ce sont des lieux d'apprentissage des institutions, mais aussi un creuset où ils ont acquis les outils nécessaires à l'élaboration de politiques en matière de protection sociale, à la compréhension des mécanismes de la naissance de l'Europe, de la coopération internationale », précise Lucie Tanguy, chercheuse au CNRS et auteure d'un ouvrage sur le sujet*.

La carte des instituts est définie en fonction des besoins géographiquement identifiés. La répartition entre formations syndicales de base, dispensées dans les confédérations, et les formations supérieures, dans les instituts, fait également partie du pacte fondateur.

Entités indépendantes

Les entités, indépendantes, sont regroupées depuis 2009 en une conférence nationale des instituts du travail. D'un institut à l'autre, des différences demeurent. Ainsi, Grenoble dispense 75 journées de formation par an, alors que Paris et Strasbourg, centres nationaux dont l'activité annuelle atteint plus de 2 500 journées de formation, intègrent des enseignements plus larges destinés aux conseillers prud'homaux, aux élus titulaires d'un mandat dans les tribunaux de la Sécurité sociale, ou encore dans les conseils économiques et sociaux. L'institut de Strasbourg, ville où siège le Parlement européen, assure également un rôle de rayonnement international aux instituts français.

Rattachées à la fois au ministère de l'Education nationale pour le personnel enseignant, et au ministère du Travail, ces petites structures disposent d'une équipe permanente réduite et d'un budget variant de 70 000 euros, pour un petit institut, à 300 000 euros pour celui de Strasbourg, hors salaires des enseignants. Les financements sont nationaux (ministère du Travail) et éventuellement locaux (université et région).

« Nous entrons dans la période de renégociation de nos budgets avec le ministère du Travail pour la période 2011-2013, en sachant que nous fonctionnons, depuis plusieurs années, à budget constant. Ce budget intègre non seulement le coût de la formation stagiaire, mais également le remboursement des frais. Or, depuis un an, la lecture stricte de la part du ministère exclut de nos stages les élus de la fonction publique territoriale et les retraités, ce qui nous oblige à nous réorganiser », explique Fabienne Muller, directrice de l'institut du travail de Strasbourg et présidente de la nouvelle conférence nationale.

Dispositifs passerelles de reconversion

Avec l'application de la loi du 20 août 2008 sur la fin de mandat syndical, les instituts devront également développer des dispositifs passerelles de reconversion pour les syndicalistes. Grenoble a anticipé avec le Vefor, un programme financé en partie par la région Rhône-Alpes, et qui permet aux syndicalistes de valider, dans le cadre de la VAE, leur activité syndicale dans un processus de reconversion professionnelle.

* Les instituts du travail. La formation syndicale à l'université, Presses universitaires de Rennes, 2006.

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