E & C : Le Conseil d'orientation pour l'emploi (COE) a adopté, le 25 janvier, un rapport intitulé «Croissance verte et emploi». Quelle est l'origine de cette réflexion ?

M.-C. C.-G. : Le COE a décidé d'inscrire la question du développement durable à son agenda en septembre dernier. Après avoir largement centré nos travaux sur les effets de la crise sur l'emploi, il nous semblait également essentiel de nous projeter dans l'après-crise. Alors que s'engage une mutation importante de l'économie, les membres du COE (partenaires sociaux, Etat, service public de l'emploi et de la formation, collectivités territoriales) avaient à coeur d'anticiper cette mutation et de se prononcer sur les conditions pour que la «croissance verte» soit une croissance riche en emplois, et en emplois de qualité.

E & C : Quelles sont les principales conclusions de ce rapport ?

M.-C. C.-G. : La «croissance verte» représente un potentiel de créations d'emploi qui pourrait, sous certaines conditions, s'élever à 600 000 au cours de la prochaine décennie. Notons qu'il s'agit d'emplois qui, pour une part significative d'entre eux, ne sont pas délocalisables. Si, en aucun cas, ce potentiel ne constitue une réponse exclusive à la question du chômage, c'est une opportunité essentielle pour laquelle tout doit être mis en oeuvre.

E & C : Quelles sont, à ce titre, les préconisations du COE ?

M.-C. C.-G. : La «croissance verte» va, avant tout, exiger un énorme effort de la part du système de formation. Je pense, a minima, à la sensibilisation des salariés au développement durable, mais, surtout, à l'apprentissage de nouvelles compétences et de nouvelles organisations du travail. Le seul secteur du bâtiment estime, ainsi, que 360 000 personnes, dont 70 000 jeunes (contre 50 000 actuellement), devront être formées chaque année. C'est un défi, mais aussi une réelle opportunité pour la compétitivité et pour l'emploi en France.