Convoquer la psychanalyse et ses concepts pour parler de «l'impensé» de la vie en entreprise est aussi tentant que difficile à justifier en toute rigueur. Dans la vie professionnelle comme ailleurs, les comportements psychopathologiques sautent souvent aux yeux. Tout le monde connaît le chef pervers qui jouit de sa position hiérarchique en en faisant baver aux subalternes, comme le collègue paranoïaque, persuadé que tout le monde lui en veut.

Indépendamment des dérives les plus inquiétantes, il semble, selon bon nombre d'auteurs ayant étudié de près la question, que toute l'énergie de l'entreprise, son économie libidinale, y compris là où tout semble rationnel, soit régie par la sacro-sainte loi du désir d'abord révélée par Freud.

En fait, difficile de lever le petit doigt, et surtout de coopérer avec ses semblables, sans convoquer immédiatement les images du père et de la mère, la séduction, les jalousies enfantines et les pulsions agressives héritées de l'enfance.

Emmanuel Castille rappelle les bases théoriques sur lesquelles peut se fonder l'extension à l'entreprise des concepts de la psychanalyse. Il passe en revue huit cas pratiques d'entreprises pour lesquelles une lecture psychanalytique du fonctionnement organisationnel s'est révélée non seulement utile pour comprendre les enjeux des rapports entre les membres des équipes et leur hiérarchie, mais encore a permis de débloquer des situations dans l'impasse. Une lecture qui peut rétablir du sens là où l'absurde semble trop souvent prévaloir.

Emmanuel Castille est conseil en développement stratégique et chercheur.