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Les pratiques

Suisse Les Montres Hublot se règlent sur les seniors

Les pratiques | publié le : 26.01.2010 |

Près d'un salarié sur dix du fabricant helvète est un ex-retraité. L'entreprise renaissante cherche ainsi à se doter de l'expérience qui lui manquait. Ces seniors bénéficient de conditions sur mesure.

La matière grise a souvent les tempes blanches chez Montres Hublot. Une bonne partie des postes d'encadrement et de développement de l'horloger de Nyon (Suisse), filiale de LVMH depuis 2008, sont, en effet, occupés par des personnes que leur précédent employeur a mis à la retraite à l'échéance normale, c'est-à-dire à partir de 62 ans.

Douze des 140 salariés dépassent cet âge, le plus «ancien» a 73 ans. Tous occupent des emplois de responsabilité dans les fonctions clés : production, vente, gestion, études. Dans sa configuration actuelle, l'entreprise, elle, est beaucoup plus jeune : les Montres Hublot ont été relancées il y a moins de six ans.

Hommes et femmes d'expérience

« Ceci explique cela, note le dirigeant-repreneur Jean-Claude Biver. Dans notre secteur, nous sommes une start-up, et ce qui fait défaut en général aux jeunes pousses, ce sont les hommes et les femmes d'expérience. Il fallait donc constituer ce noyau avec des gens du métier. Notre préoccupation n'était pas la réponse à une pénurie de main-d'oeuvre qualifiée. »

Pour recruter, le chef d'entreprise assure n'avoir pas eu à se décarcasser : il lui a suffi d'ouvrir son carnet d'adresses, noirci durant trente-cinq ans de carrière dans l'horlogerie, pour contacter les cadres côtoyés comme collègues de travail ou comme concurrents. « Tous ont été séduits par le fait de redémarrer une aventure d'entreprise en rupture avec le train-train », indique le dirigeant, lui-même âgé de 60 ans.

Les seniors ont tous été recrutés dès la reprise de la société et aucun ne l'a quittée depuis. Il faut dire que Hublot leur taille des conditions sur mesure : facilitée par les faibles contraintes du code du travail helvétique, la souplesse totale règne quant aux horaires de travail, à la durée et au mode d'embauche. Les ex-retraités auraient pu partir au bout d'un mois et ils ont eu le choix entre un contrat classique de salarié et un contrat de consultant en statut indépendant, selon ce qui leur convenait le mieux par rapport à la retraite de droit commun qu'ils touchent en parallèle. Les deux tiers ont choisi la formule de l'indépendance.

Une totale souplesse

Pour les horaires, il y a autant de cas que d'individus. Certains viennent deux jours fixes par semaine, d'autres quelques jours par mois ; l'un a demandé à passer d'un temps plein à un temps partiel après un accident de santé. Jean-Claude Biver a tout accepté. « Ils sont rémunérés au nombre d'heures inscrites... mais en font beaucoup plus en réalité. Incontestablement, ils sont sous-payés, mais c'est leur choix ! », sourit-il. La motivation financière semble d'ailleurs accessoire : ces ex-cadres de groupes n'auraient pas besoin de chercher des «fins de mois» pour compléter la pension octroyée par leur ancien employeur.

L'heure de la retraite définitive finira, toutefois, par sonner. A ce moment-là, Hublot ne recherchera pas de nouveaux seniors : l'entreprise escompte que les actuels auront rempli leur mission de transmission du savoir-faire.