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Enquête

La formation pour conjurer la crise

Enquête | publié le : 26.01.2010 |

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La formation pour conjurer la crise

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Imaginé l'an dernier au plus fort de la crise, le dispositif «alternative formation au chômage partiel 2009», créé en Lorraine, vise à sécuriser les parcours professionnels des salariés les moins qualifiés des PME régionales.

Les initiateurs du dispositif lorrain «alternative formation au chômage partiel 2009», qui craignaient un flop retentissant, peuvent se réjouir. Lancée l'an dernier au plus fort de la crise, l'initiative, qui proposait aux entreprises de mettre à profit les baisses d'activité et le chômage partiel pour inscrire leurs salariés en formation, a trouvé son public. Après un démarrage difficile, le dispositif a finalement impliqué une centaine d'entreprises, soit 550 salariés ayant effectué 1 325 stages pour un total de 58 500 heures de formation.

Opportunité

« Cette mesure exceptionnelle visait à transformer la crise en opportunité. Alors que le chômage partiel n'induit que des effets négatifs, la démarche a permis à des salariés de maintenir l'intégralité de leur rémunération durant leur formation, de développer leurs compétences et de sécuriser leur parcours professionnel, tandis que l'entreprise se donnait les moyens d'anticiper la reprise », souligne Sylvie Grosmann, chef de mission par intérim à la Direction des transitions professionnelles du conseil régional de Lorraine.

Un million d'euros de budget

Ratifié le 9 mars 2009 par l'Etat, le conseil régional de Lorraine et les partenaires sociaux - CGPME, Medef et UPA côté patronal, CFDT, CFE-CGC, CGT et CFTC pour les organisations syndicales -, l'accord mobilisait un budget d'un million d'euros financé par le conseil régional de Lorraine pour abonder la partie salariale. Les stagiaires évitaient, ainsi, toute perte de revenus. Quasi inutilisés jusqu'au moins de juin, ces crédits ont trouvé preneurs au cours du deuxième semestre, pour être entièrement consommés en fin d'année.

Destiné aux PME-PMI de moins de 250 salariés et plafonné à 30 000 euros par entreprise, le dispositif visait prioritairement les salariés les moins qualifiés, pour les aider à conserver leur emploi ou à se reconvertir. Au 30 novembre dernier, le conseil régional de Lorraine avait passé 34 conventions avec 31 entreprises de plus de 50 salariés, certaines d'entre elles ayant utilisé le dispositif à plusieurs reprises. Sollicitées pour relayer l'initiative auprès des PME de moins de 50 salariés, quatre Opca ont signé six autres conventions initiales ou de renouvellement au titre de l'accompagnement collectif.

Un premier bilan témoigne de la justesse du ciblage. Secteurs les plus durement touchés par la crise, la mécanique générale et la métallurgie ont absorbé 64 % des fonds. Une forte majorité des bénéficiaires (56 %) sont âgés de plus de 45 ans et les ouvriers forment 60 % des effectifs concernés, contre 10 % de cadres et d'ingénieurs.

En revanche, aucun indicateur ne permet de cerner la nature des formations proposées, l'efficacité du dispositif en termes de sécurisation des parcours ou la proportion de journées de chômage technique effectivement converties en formation. La convention doit être reconduite cette année, et les partenaires espèrent doubler le montant de l'aide en mobilisant le Fonds d'investissement social. L'initiative pourrait être élargie aux très petites entreprises.

Démarche constructive

« Ce premier accord interprofessionnel régional comporte des éléments très positifs. Il a associé autour d'une démarche constructive des partenaires plus habitués à se focaliser sur des points de friction. Son objectif quantitatif est atteint, puisque les fonds programmés ont été consommés. Mais les difficultés du dialogue social rendent impossible toute analyse qualitative. Les entreprises utilisatrices ne se font pas connaître et ne communiquent aucun élément susceptible d'étayer une vision globale des besoins en matière de sécurisation des parcours professionnels », regrette Alain Gatti, secrétaire général de la CFDT Lorraine et signataire de l'accord. Le responsable syndical prône un état des lieux régional des besoins des salariés et des entreprises en matière de formation.